Once Upon a Time
«
Bouge pète-sec. » Toby lança un regard mesquin à un jeune homme semblant avoir quelques années de moins que lui. Minimum deux, voir même trois en y regardant bien. Le regard de la jeune blonde s'éternisa sur l'Altruiste, le détaillant avec discrétion tandis qu'il était poussé par un ami de Toby, Xander. Ses mains crispées sur son plateau-repas, Abigail s'arrêta juste derrière les deux audacieux à qui le jeune Altruiste céda la place qu'il avait dans la file de la cantine. Lorsqu'il se décala pour laisser place à Abigail, lui céder sa place à elle aussi, la jeune blonde secoua négativement la tête et lui accorda un léger sourire de consolation. «
Aby, tu rappliques ? » Elle se pencha légèrement pour lancer un regard à Toby, un sourcil haussé. A la fois mesquine et narquoise, le sourire qu'elle lui adressa ne sembla pas lui plaire. Les règles, dès le début avaient été claires : Faire partie de sa bande et suivre ses ordres ou ne pas les suivre et être exclue. Dans sa tête d'adolescente, le calcul avait rapidement été fait et sa décision prise en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Mais aujourd'hui, plus elle grandissait, plus elle gagnait en maturité et plus elle regrettait. Toby n'était pas un garçon idiot, loin de là. Il savait s'entourer de son petit monde, -tous soit dit en passant des personnes moins fortes que lui, que ce soit au niveau du caractère ou du physique, de sorte à ne pas lui faire de l'ombre. «
Qu'est-ce que tu fous, Aby ? » Lui demanda Clarysse en fronçant les sourcils, se décalant légèrement de Xander et Toby (qui la jaugeait toujours de haut en bas d'un œil mauvais) afin de lui lancer un regard lourd de sous-entendus. Maintenant son plateau en équilibre dans sa main droite, elle attrapa l'Altruiste qui déjà s'éloignait par sa chemise grise d'un geste sec avant de le tirer et l'obliger à se placer devant elle. «
Qu'est-ce que tu fais ? Tu veux qu'ils me tuent ? » Abigail laissa un sourire amusé se dessiner sur ses lèvres avant de se ressaisir, se rendant réellement compte de ce qu'elle faisait. A ses yeux, tout cela n'était qu'un jeux : elle aimait défier Toby et lui montrer qu'elle n'était pas qu'un pantin qu'il pouvait manipuler quand il le voulait. Mais placer une victime entre eux n'était pas la meilleure des solutions. Qu'elle reçoive un coup de poing ce soir de sa part ne la dérangeait pas, ou plus du moins. Qu'ils se lancent des défis afin de se préparer à l'initiation n'avait rien de rare, mais qu'en était-il de l'Altruiste ? «
Tu n'as pas à t'écraser pour nous. Tu étais là avant nous, pas la peine de nous céder ta place, d'accord ? » Elle plongea ses yeux bleus dans ceux verts du rouquin qui lui faisait face, mais il ne lui répondit rien, se contentant de détourner le regard. Levant les yeux au ciel, elle lui fit signe d'un geste du menton de s'éloigner et il s'exécuta. Abigail le suivit du regard, pensant qu'il irait se placer au fond de la file, mais il s'en éloigna complètement. Soudainement, elle se sentit secouer et lâcha son plateau, attirant l'attention d'autres élèves. Ses yeux se posèrent sur la main qui encerclait fermement son avant-bras, puis ils remontèrent jusqu'au visage de Toby, sans grande surprise. «
T'essaye de faire quoi là ? » Ne voulant pas que la situation dérape, la jeune audacieuse resta de glace et tenta de se dégager de son emprise, mais en vain. Trop fière, elle ne laisserait jamais une seule émotion se dessiner sur son visage et ainsi la trahir. Et pourtant intérieurement, elle tremblait et son cœur battait si fort qu'elle mourrait de peur que son interlocuteur l'entende. «
Lâche-moi. Tu n'es ni mon père, ni mon instructeur, ni le chef de notre faction. Je ne te dois rien, Toby. » C'était du suicide, elle en était consciente. Toby à lui tout seul représentait ce qu'il y avait de plus dangereux au sein de natifs audacieux qu'Abigail connaissait. Dès ce moment, dès qu'il lui lâcha le bras et retourna auprès de sa bande, elle se posa réellement la question. Son geste relevait-il plus du courage ou de l'altruisme ? De l'audace ou du sacrifice ? Finalement, elle s'abaissa afin de ramasser son plateau et une main avec sa bouteille d'eau se tendit dans sa direction. «
T'es pas une audacieuse pour rien toi. » Elle saisit ce que lui tendait le jeune homme, puis se releva en même temps que lui, levant les yeux au ciel. Elle n'avait pas envie de parler à un inconnu. Pas après ce qui venait de passer et sachant ce qu'elle aurait à endurer ce soir, en rentrant chez les audacieux. Se lever contre Toby, c'était faire de sa propre vie un enfer. «
Suicidaire, pas audacieuse. » Finit-elle par rectifier en se remettant dans la file qui avançait beaucoup trop lentement à son goût, bien qu'elle réussisse à prendre son mal en patience. Le jeune homme vint se placer juste à côté d'elle, lui lançant un regard en coin et elle fit pareil. «
Ouais, c'est ce qu'il se dit chez nous. » Abigail tourna la tête dans sa direction, puis examina sa tenue : du noir et blanc. Ainsi donc il était un sincère. «
On dit que vous êtes suicidaire. Ce que vous devez réellement être dans le fond, vu la façon de vous... » Abigail laissa un sourire amusé se dessiner sur ses lèvres, puis leva les yeux au ciel pour la énième fois sur son début de journée. «
J'avais compris, merci. »
«
Alors, ce test ? » Tout son corps se contracta, passant de ses orteils jusqu'à sa nuque qui la fit soudainement atrocement souffrir. Elle se pinça les lèvres, comme chaque fois qu'elle était irritée, mais ne dit rien et s'assit dans le fauteuil de son frère aîné, tatoueur chez les audacieux. «
Quoi, tu vas me dire que t'en veux un peut-être ? Ca serait la nouvelle de l'année. » Son ton ironique fit légèrement sourire Abigail qui ferma les yeux et se détendit quelque peu grâce au dossier confortable. Elle aurait très bien pu s'endormir là sans le moindre soucis, elle sentait déjà son esprit se détendre. Toutefois, c'était sans compter sur son frère aîné, Ulric. «
Tu m'as pas répondu. » Elle ouvrit un oeil, puis le deuxième, détaillant le jeune homme couvert de tatouages de la tête aux pieds. Il possédait aussi un nombre de piercings incalculable et il arborait une coupe étrange dont la jeune blonde s'était souvent moquée. Lui la traitait de snobe, elle le traitait d'abrutis étrange. «
Je te signale qu'on doit garder les résultats secrets. » Il roula des yeux et elle ferma les yeux à nouveau, profitant de la quiétude dans laquelle était plongée la pièce habituellement remplie et bruyante. Elle aurait voulu lui dire de vive voix, lui annoncer que le test lui avait démontré des aptitudes pour les altruistes. Mais elle refusait de lire la déception dans les yeux de son frère aîné, elle ne pouvait s'y résoudre. Et pourtant, quelque chose la poussait à penser qu'il savait, qu'il avait compris depuis longtemps mais qu'il ne voulait pas l'admettre. Elle n'agissait comme une audacieuse que parce qu'elle avait été éduquée dans cette faction. Par moments, Ulric lui trouvait certaines réactions différentes, totalement désintéressée d'elle-même et vouée aux autres. «
Aby, laisse-moi t'en faire un. Pour qu'tu m'oublies pas, tu comprends ? » Elle rouvrit les yeux pour la deuxième fois et fixa son frère aîné de deux ans et eût la certitude qu'il avait compris. La jeune fille sentit son coeur se serrer dans sa poitrine et se mordit la lèvre, refoulant ses larmes. Quelques secondes s'écoulèrent, peut-être même des minutes avant qu'elle puisse prendre la parole sans éclater en sanglots. «
C'est bon, vas-y. » Il ne se fit pas prier. Ce soir là, Abigail ressortit du salon de tatouage de son frère avec un "U" indélébile sur le poignet. Indélébile comme la relation qu'ils avaient partagée durant dix-huit ans.
«
Abigail Warren ? » Elle ferma les yeux et inspira. A ses côtés, ses parents lui lancèrent un sourire en coin, confiants quant au choix de leur fille cadette. Comment Ulric pouvait-il avoir deviné et eux pouvaient être aussi aveugles ? La déception qu'elle lirait dans leurs yeux, une fois que son sang tomberait sur les galets et non sur les charbons ardents lui tordrait l'estomac. Sans savoir d'où provenait la force qui la hissa sur ses jambes, Abigail se dirigea vers l'estrade et saisit le couteau avant de s'entailler la main. Déception, déception, déception. C'était la seule chose à laquelle elle était capable de penser, jusqu'à ce qu'elle croise le regard de Toby qui lui lança un sourire éloquent. Lui aussi savait, au même titre qu'Ulric. Ils se connaissaient depuis le berceau et était loin d'être dupe. La colère l'envahit et elle se rendit compte qu'elle le détestait. Elle le détestait pour avoir compris, pour avoir continué à lui frapper dessus alors qu'elle était déjà au sol, hors d'état de nuire lorsqu'ils se battaient chez les audacieux, pour avoir fait de sa vie un enfer après qu'elle ait pris la défense d'un altruiste. Si c'était ce à quoi ressemblaient les audacieux aujourd'hui, alors elle ne regrettait pas de les quitter. Et finalement, son regard croisa celui de Silas qui se trouvait parmi les Altruistes, vêtu de blanc et noir. Le calme, la paix et la certitude. Elle leva le bras juste au-dessus des galets et son sang coula sur ces derniers.
«
Abigail ? Nous avons besoin de toi. Oh, tant que vous êtes là, Silas et Caitlyn, on aura besoin de vous aussi. » L'interpellée se leva de table, laissant le maigre repas auquel elle avait droit intacte. Elle n'avait jamais mangé énormément, même étant chez les audacieux, mais elle avait besoin d'avaler quelque chose, ne serait-ce qu'un morceau de pain. Caitlyn, une ancienne fraternelle se leva de table quelques secondes après, seulement, très vite suivie de Silas dont les traits étaient creusés : il semblait à bout de force, affamé et épuisé. Caitlyn aussi, mais elle était là, juste derrière leur formateur qui les mena jusqu'à un abris où se trouvait un groupe complet de sans-factions. «
J'ai faim. Je n'ai plus touché à un repas depuis dix heure et il est vingt-et-une heure ! » Râla Silas, clamant tout haut ce qu'Abigail et son estomac pensaient tout bas. Caitlyn lui donna un coup de coude et leur formateur se tourna dans leur direction. «
Silas. Tu ne penses pas qu'eux aussi ont faim ? Tu as la chance d'avoir mangé à onze heure. Peu dans cette pièce peuvent se vanter d'en avoir fait autant. » La jeune blonde lança un regard à son ami qui dura un peu trop longtemps, puis effleura légèrement son bras du bout des doigts. Le changement de faction était plus compliqué que ce qu'ils n'avaient imaginé et être Altruiste s'avérait être difficile, contrairement à ce que beaucoup de personnes pensaient, Abigail la première. Tout cela lui donna une sacrée claque en pleine figure, lui faisant réaliser non seulement à quel point la faction des Altruistes était nécessaire, mais aussi la misère dans laquelle vivaient les sans-factions. S'en était déchirant. «
Laisse-moi t'aider. » Silas prit la moitié des couvertures que tenait Abigail entre ses mains, la pile manquant de s'écrouler à tout instant et lui adressa un sourire discret, à peine remarquable. Du coin de l'oeil, tout en distribuant deux couvertures à une mère et son enfant, elle l'observa recouvrir une vieille femme endormie jusqu'au menton et s'en trouva attendrie. Une fois qu'elle eut fait le tour du hangar, elle se laissa aller contre un mur, passant une main sur sa nuque tendue. «
Tu as vraiment l'air épuisée. » S'enquit Silas lorsqu'ils sortirent à deux du bâtiment, une fois que leur formateur les congédia gentiment. Abigail hocha positivement la tête, puis sentit qu'on lui saisissait le bras droit avant de le secouer. Surprise, elle leva le bras gauche afin de frapper, par simple réflexe d'auto-défense qu'on lui avait appris chez les audacieux. Mais Silas anticipa son mouvement et lui saisit rapidement le poignet avec force. Honteuse de sa propre réaction, elle tourna la tête vers la droite, le regard tout de même interrogateur en direction d'une jeune fille. Elle portait un pull bleu, ainsi un pantalon blanc déchiré et ses cheveux coupés courts ne devaient plus avoir été coiffés depuis un certain temps, si bien que les deux novices comprirent aussitôt qu'elle était une sans-factions. «
Est-ce que... Est-ce que l'abris est plein ? » Dix-neuf ans, tout au plus. C'était l'âge qu'Abigail, le coeur serré lui donnait : elle avait encore gardé certains traits enfantins et possédait une petite voix fluette. Si elle était restée chez les audacieux, ça aurait pu être elle à la place de la jeune fille lui faisant maintenant face. Personne n'était à l'abris de rater l'initiation, personne. «
Euh... Oui, il est.. Il est plein. » Répondit Silas en balbutiant quelque peu, passant une main gênée dans sa nuque avant de lancer un regard à Abigail. «
Mais on peut... Je pense qu'on peut t'aider. » La jeune blonde hocha positivement la tête et adressa un sourire bienveillant à la rouquine qui se trouvait face à elle. «
Oui, il a raison, on va... On va s'arranger pour te trouver un toit cette nuit, suis-nous. »
«
Non, maman je ne veux pas, ils me font peur. » Abigail lança un regard surpris à Aslinn, sa petite fille âgée de sept ans. Cette dernière s'était stoppée en plein milieu du chemin, les bras croisés et la mine renfrognée. Silas, le père de l'enfant lui lança un regard lourd de sous-entendus, mais elle ne bougea pas d'un seul centimètre, chose à laquelle s'attendait Abigail. Aslinn n'était pas commode comme petite fille et ne remplissait pas les critères imposés par les Altruistes au grand dam de ses parents qui auraient préféré passer inaperçu plutôt que d'attirer les regards. Le couple ne souhaitait pas que l'affaire s'ébruite - à savoir que la fille de l'Ambassadrice et de l'un des dirigeants politiques refusait catégoriquement de venir en aide aux sans-factions, sans quoi les journaux se feraient un plaisir de remettre en question l'éducation des jeunes altruistes. «
Aslinn, tu ne peux pas juger des personnes sur la façon dont... » Commença-t-elle en haussant un sourcil, feignant à la perfection la surprise face à la réaction de la petite blonde qui lui ressemblait énormément du point de vue du physique. «
Ils toussent et vivre dans la rue apporte des maladies, je l'ai lu. » Voyant que les regards s'arrêtaient sur eux et s'y attardaient (en toute discrétion, cela va sans dire.), Silas soupira avant de s'approcher de son épouse, lui murmurant au creux de l'oreille. «
De toute façon il faut que je passe à la salle de réunion, j'ai des papiers à reprendre. » Abigail hocha positivement la tête, puis fit la navette entre son mari qui s'approcha de sa fille et cette dernière. Elle ne se reconnaissait pas en sa fille, ne reconnaissait pas ses décisions et encore moins ses réactions. Elle n'était pas comme Silas non plus, à savoir désintéressé, mais encore un brin trop honnête par moments. «
Tu vas aller avec papa à la salle de réunion ? » Aslinn hocha positivement la tête, puis s'éloigna en suivant son père sous le regard fatigué d'Abigail. Le volontariat en plus de son poste d'Ambassadrice lui paraissait aujourd'hui normal, malgré la fatigue que cela lui procurait. C'était une tâche quotidienne pour laquelle elle ne regardait même plus le nombre de temps passé à s'y dédier. L'initiation avait réussi, contre toute attende à la changer presque du tout au tout, mais elle gardait certains traits de sa personnalité qu'elle cachait au plus profond d'elle-même - comme bon nombre de personnes changeant de faction. Abigail était persuadé qu'on ne pouvait définitivement pas chasser le caractère avec lequel on était né et avec lequel on avait évolué durant dix-huit ans. Un érudit, même chez les sincères resterait toujours quelque peu curieux, tout comme un audacieux chez les altruistes resterait toujours courageux et brave : ils cachaient simplement ces traits de leur personnalité. Du moins, c'était ce que pensait la jeune blonde, sans pour autant en avoir la certitude.
«
Quelle... Comment a-t-elle osé ? » Abigail vint s'asseoir sur le lit conjugal et replaça une mèche de ses longs cheveux blonds qu'elle avait relevé en chignon, comme tous les altruistes. Du regard, elle suivit son époux faire les cent pas dans leur chambre, secouant négativement la tête. Tout ce qu'il gardait pour lui durant la journée, généralement il en parlait à Abigail qui s'avérait être une oreille attentive et fine conseillère, en fin de compte. «
Silas, calme-toi. Tu sais comment sont les érudits... » Finit-elle par murmurer en prenant une grande inspiration, prenant avec difficulté sur elle-même pour ne pas s'élancer, elle aussi dans des plaintes contre la faction des intellectuels. «
Alors tu vas me dire que le fait que Farnsworth ne se soit pas présentée à la cérémonie aujourd'hui n'a rien d'anormal à tes yeux ? » Silas plongea son regard dans celui de sa femme, en colère comme il ne l'avait jamais été auparavant. Abigail pencha légèrement la tête sur le côté avant de passer une main sur sa nuque, légèrement perplexe quant à la position à adopter : lui annoncer qu'elle était d'accord avec lui, c'était l'encourager dans sa haine envers la leader des érudits. «
Ce n'est pas ce que j'ai dis. » Il lui lança un regard noir, puis lui tourna le dos, tentant sans aucun doute de reprendre ses esprits, de se calmer, de relativiser. La jeune femme attendit patiemment que la respiration de son époux devienne plus régulière avant de se lever et venir poser sa main sur son épaule avant de la faire glisser le long de son bras. «
Ce n'est pas ce que j'ai dit. Non, ce que je veux dire, c'est que ta colère ne te mènera nulle part. Tu sais aussi bien que moi que tu deviens insensé lorsque quelque chose te met dans cet état. » Il se tourna pour lui faire face et elle posa une main sur sa joue. «
Elle menace la paix que nous avons tant de mal à maintenir, Aby. Je ne trouve pas cela juste que par égoïsme, elle brise tout ce que nous avons peiné à construire. » Abigail se contenta d'hocher positivement la tête, serrant la main de son époux avec douceur. Il avait haussé le ton si fort que la jeune femme s'inquiéta soudainement du fait d'avoir réveillé Aslinn. Que leur fille se pose des questions ou les surprenne en plein débat au milieu de la nuit n'était pas pour plaire à Abigail qui soupira longuement. Elle était fatiguée, épuisée, mais elle savait qu'elle écouterait les plaintes de son mari jusqu'à-ce que ce dernier s'endorme. Cela pouvait être vu comme de l'égoïsme, tout comme cela pouvait être vu comme une sincère préoccupation pour toutes les factions, tout cela dépendait du point de vue. «
Tu sais ce que cela va encore engendrer, pas vrai Aby ? » Nouveau hochement de tête. Elle se pinça les lèvres, puis regagna le lit, faisant signe à Silas de l'y rejoindre, mais il secoua négativement la tête, chassant sa proposition d'un geste de la main. «
Les sincères vont en faire tout une histoire, les érudits vont riposter... Tout cela ne s'avère pas bon du tout. » Et elle l'écouta durant plusieurs heures. Elle l'écouta jusqu'à-ce qu'il vienne s'allonger à ses côtés, puis qu'il tombe endormi près de quarante minutes après. Mais elle ne parvint pas à se détendre après avoir entendu toutes ces suppositions. L'inquiétude que la paix entre les factions soit menacée était bien plus forte que son sommeil.