Once Upon a Time
Lovely Innocence
Mother«
Thal, rentre à l’intérieur tu vas attraper du mal ! »
«
Mais Maman, j’adore la pluie ! »
Un large sourire était plaqué sur le visage de la jeune enfant tandis qu’elle tournoyait sur elle-même, les bras écartés et la tête levée vers le ciel nuageux d’où les gouttes se déversaient avec fièvre et fracas. Ses cheveux, longs et soyeux, étaient désormais brunis par la pluie, collés par mèches, tournoyant autour de son visage radieux, contrastant avec le temps triste et sinistre. Elle adorait la pluie, oui, c’est peu dire. Sa mère devait continuellement la surveiller, l’empêcher de sortir tellement sa fille voulait aller danser sous la pluie, jouer sous la pluie, ou même juste se coucher par terre et observer le ciel gris, observer les gouttes tomber, sentir ces-mêmes gouttes s’aplatirent sur son corps juvénile. Elle aimait la pluie, et elle aimait le froid, rendant sa mère folle à force de désobéir aux ordres. Car, la petite était maligne, elle arrivait à passer sous la surveillance de sa mère par tous les moyens possibles, mais elle ne s’en allait jamais bien loin de peur de se perdre.
«
Thalae Elizabeth Beauregard, tu rentres à la maison, tout de suite ! »
La logique veut que lorsqu’une mère appelle son enfant avec ses prénoms et son nom, c’est qu’il valait mieux obéir tout de suite. Cependant, la jeune Thalae n’en avait pas encore conscience. Du haut de ses 7 ans, elle ne pensait qu’à jouer et à désobéir, testant la limite de ses géniteurs, analysant déjà lequel des deux est plus profitable pour elle. A la mention à son identité, l’enfant s’arrêta et posa sur sa mère un regard plein de malice avant de lui faire un petit signe de la main pour prendre la poudre d’escampette. Elle entendit vaguement sa mère crier son prénom, mais son esprit était bien loin de la scène qui se jouait. Elle courait, la jeune enfant, traversant la pluie les bras écartés. Elle avait l’impression d’être dans un autre monde, plus de castes, plus de règles, plus de lois, juste la liberté. Elle courait avec la sensation de voler dans les airs, transportée par la pluie qui caressait sa peau et martelait le sol. Un large sourire éclairait son regard d’une innocence rare, celui-ci tournait de nouveau vers le ciel. Elle avait cet espoir vain et juvénile qu’elle arriverait à toucher les nuages un jour, de les toucher, et de danser avec la pluie. Un espoir d’enfant parmi tant d’autres, aussi réalisable que celui de survivre à la mort.
Le retour à la réalité fut dur, brutal, cinglant et déstabilisant. Une branche… La petite fille se prit une branche dans les pieds. Ne regardant pas où elle allait, cette fin fut inévitable, et prévisible. Alors que sa jambe cédait sous son poids, le sourire de l’enfant s’envola. Ses mains se positionnèrent devant elle tandis que son regard si enjoué se voila d’une peur panique. Son cœur, déjà fatigué par sa course, augmenta d’autant plus le rythme de ses battements. Et elle toucha le sol… Portée par la vitesse, elle fut plusieurs roulés boulés sur la terre dure, froide et sale, des objets tels que des cailloux frappant son corps mais ne l’arrêtant pas pour autant. Ce fut un grillage cassé qui réussit cet exploit en la coinçant dans ses fils métalliques, entaillant sa peau de ci de là.
Douleur… La flaque d’eau sous elle se tintait lentement d’une couleur rougeâtre diluée, tandis que les larmes de la jeune enfant se mêlaient à la pluie rafraichissant son corps et ses plaies. D’une voix brisée et fébrile, elle prononça toujours le même mot, tantôt fort, tantôt faible, tantôt déterminée, tantôt secoué de sanglot…
«
Maman… »
Oui, elle appelait sa mère. Elle n’avait pas une relation très fertile avec sa génitrice. Celle-ci était sévère avec sa fille, sévère et stricte. Dès le début, Thalae avait montré un caractère bien trempé, pas assez effacé pour les Altruistes. Elle était continuellement pleine de vie, elle voulait continuellement de l’attention, et elle faisait continuellement des bêtises. Sa mère joua donc, dès le début, à la méchante en lui interdisant tout ce que l’enfant aimait, en la surveillant, en la punissant lorsqu’elle prononçait des paroles qu’on lui a interdit de prononcer. Telle que la vérité… Cependant, ce fut bien sa mère qu’elle appela. Pas son frère, ni même son père, mais sa mère, car elle savait que quoiqu’il arrivait, elle sera toujours là.
FatherLorsque la jeune enfant se réveilla, ce fut à l’hôpital. Toute menue qu’elle était, elle avait l’impression de se noyer sous les couvertures, une petite souris minuscule sur un lit immense. Battant des cils pour s’habituer à la luminosité, elle regarda lentement autour d’elle. Au début elle ne réalisa pas où elle était, elle avait l’impression d’être chez elle, dans sa chambre, ses parents certainement dans la salle à manger tandis que son frère était sorti avec ses amis. Mais lorsqu’elle vit des tubes sortirent de son bras pour rejoindre une pochette avec un liquide transparent dedans, elle comprit qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. La peur l’assaillit. Son petit cœur se remit à battre de plus en plus vite, tandis qu’elle regardait frénétiquement partout autour d’elle, reconnaissant l’endroit comme une chambre d’hôpital… Mais une chambre d’hôpital où il n’y avait qu’elle, et personne d’autres. Où étaient ses parents ?
Son rythme cardiaque ameuta une infirmière. Elle tenta de calmer l’enfant mais ne réussit qu’à l’effrayer plus encore, criant presque lorsque la jeune femme posa délicatement une main sur son bras. Elle avait l’air gentille, gentille et adorable, chaleureuse, mais Thalae ne voyait en elle qu’une femme qui n’était pas sa mère. Un infirmier arriva en suivant, mais ne réussit pas non plus à calmer la jeune enfant. Après tout, il n’était pas son père.
«
L-Lâchez-moi ! » criait-elle à chaque fois qu’un étranger osait s’approcher d’elle.
«
Laissez-là tranquille. »
Une voix. Grave, chaude et suave. Une voix qui lui était familière. Non, une voix qu’elle reconnue aussitôt l’avoir entendu. Les deux infirmiers s’éloignèrent alors, peut-être légèrement irrités face à l’ordre rempli de froideur de l’autre homme. Celui-ci se rapprocha à pas lent, et lorsqu’il croisa le regard de la petite fille, un large sourire égaya son visage au trait dur et ciselé de rides. Son regard, d’un bleu électrisant, s’emplit de chaleur tandis qu’il posa sa grosse main d’homme sur la petite tête de Thalae. Aussitôt, ce contact, ce sourire et ce regard apaisa l’être turbulent où un sourire quasi identique à celui de l’homme trancha son expression apeurée et ramena un semblant de tranquillité dans son regard.
«
Papa ! »
«
Chhhhh… Tu dois te reposer, tu as beaucoup de blessures. »
«
Maiiis, je me sens bien ! Je ne veux pas rester allonger je veux jouer dehors ! »
«
Tu pourras jouer dehors, mais que quand tu te seras reposer. »
«
… Pendant combien de temps ? » céda-t-elle avec une moue boudeuse.
«
Hm… Demain peut-être. »
«
D’accord ! » finit-elle avec entrain.
Mais il ne la laissa pas sortir le lendemain. Ni le surlendemain. La petite bouillonnait d’énergie contenue et faisait parfois des crises de colère. Mais ils la gardaient sans lui expliquer pourquoi. Son père, qu’elle considérait comme un héro, lui promettait de la faire sortir tel jour, mais finissait par faillir à sa promesse. De tout son séjour à l’hôpital, c’était lui qui venait la voir. Pas sa mère, ni son frère, mais son père. Dans un sens elle lui était reconnaissante, il lui lisait de belles histoires, la faisait rire, mais lui mentait. A chaque fois qu’elle lui demandait pourquoi elle restait à l’hôpital, il prétextait que c’était à cause de ses blessures. Mais elle se sentait bien, et elle sentait qu’il lui mentait. Elle tentait de le bouder, mais elle avait tellement besoin de compagnie qu’elle ne pouvait se résoudre à faire la tête lorsqu’il était là. Malgré ses mensonges, il arrivait à redonner un peu de lumière et de joie dans la petite pièce vide. Jusqu’au jour où…
«
Ma chérie, le docteur a quelque chose à te dire… »
«
Bonjour Thalae ! Tout d’abord il faut que tu saches que… »
«
Je veux sortir. »
«
Thal’, restes polie et écoute le docteur. »
«
Non, vous allez encore me mentir… »
«
Mais non, bien sûr que non. Le docteur Smith va tout t’expliquer ma chérie. »
«
En effet. Tu as une faiblesse immunitaire Thalae, c’est-à-dire que ton corps ne combat pas les maladies comme il devrait le faire. C’est pourquoi on a détecté chez toi une pneumonie aigüe, que tu ne semblais pas sentir. »
«
Papa, le monsieur il parle bizarre, ça veut dire quoi ? »
«
Ca veut dire que tu vas tomber souvent malade, et gravement malade, si tu ne prends pas des médicaments et si tu ne fais pas attention à toi… »
«
Pourquoi maintenant ? »
«
Je suppose qu’avant cet évènement fâcheux, tes parents prenaient bien soin de toi, et ne s’interrogeaient pas outre mesure de tes fréquentes maladies. »
«
Papa… » commença-t-elle à paniquer en tendant ses petits bras en direction de son paternel.
Il ne se fit pas prier pour la prendre dans ses bras, ignorant les tubes en plastique de son bras. Murmurant des paroles rassurantes, tandis qu’elle sanglotait doucement dans son cou. Il la borda ainsi durant plusieurs minutes. Des minutes qui ne tardèrent pas à se changer en heures, la petite déjà bien endormie dans ses bras, mais lui ne voulant pas la décoller de son corps. En bon père protecteur et sensible, il garda sa fille contre lui jusqu’à ce qu’il s’endorme avec elle dans les bras.
BrotherElle rentra finalement à la maison, pour son plus grand bonheur. L’épisode de la maladie était déjà loin dans son esprit, elle ne pensa plus qu’à aller jouer par le beau temps qui s’annonçait. Le matin sa mère la coiffa d’un chignon sévère et d’une robe simple, ne mettant pas en valeur la beauté enfantine de Thalae (bien qu’à son âge elle n’en ait pas vraiment conscience), puis elle lui prépara un déjeuner avant de la laisser aux mains de son frère. Lui, il avait 4 ans de plus qu’elle, ce qui fait qu’il avait 11 petites années. Mais déjà il avait toutes les qualités des Altruistes, chose que la petite Thalae n’avait pas. Il répétait « tu verras, tu apprendras, tu es encore jeune », mais elle avait au fond d’elle-même un arrière gout amer. Elle n’avait pas envie d’apprendre à être une Altruiste, elle ne pensait qu’à jouer, s’amuser telle l’enfant qu’elle était.
«
Où est-ce qu’on va Tob ? »
Tob, de son vrai nom Tobias Andrew Beauregard, ne répondit que par un sourire, continuant d’entrainer sa petite sœur par la main. Thal devrait se réjouir, ils allaient dehors, elle allait pouvoir respirer le bon air frais et s’amuser loin de ses parents. Mais, toute curieuse qu’elle était, elle ne pouvait s’empêcher de trépigner tout en marchant, posant à son frère mille et une questions. Quelle étonnante patience il était doté ! Elle eut cependant bien vite la réponse lorsqu’ils entrèrent dans un petit parc. A peine elle posa le pied à la limite du parc que ses yeux s’agrandirent de joie, sautillant sur place de surexcitation.
«
Je peux y aller ? »
«
Oui, vas-y ! »
A peine avait-il prononcé le « oui » qu’elle s’était déjà décrochée de sa main pour bondir dans le parc, sprintant jusqu’aux jeux de son âge. Tobias, il la comprenait. Il comprenait le besoin de se dépenser, le trop plein d’énergie contenu dans le petit corps de sa petite sœur. L’amour qu’ils partageaient l’un pour l’autre était flagrant, et de part la grande taille de Thalae, le peuple les disait souvent jumeau. D’où leur surnom, les jumeaux Tab et Teb ! Tab pour Tobias (Tobias Andrew Beauregard) et Teb pour Thalae (Thalae Elizabeth Beauregard). Leur parent avait fait un bon choix dans leurs prénoms, c’est sûr.
Lorsque la jeune enfant rejoignit son frère après une heure de jeu intensif, elle le trouva avec une fille. Thalae ne la connaissait que de nom, Morgane, mais elle savait une chose de plus…
«
Coucou Morgane ! Tu sais, Tob il est amoureux de toi ! »
«
Teb ! » cria-t-il en rougissant comme une tomate.
Morgane aussi, rougit et se tint la bouche comme si Thalae venait de prononcer un blasphème. Il n’en fallut pas plus à Tobias pour agripper la main de sa sœur pour l’entrainer plus loin. La rougeur de ses joues auraient dut faire rire la petite, mais son regard, froid et colérique, la refroidit bien vite.
«
Thalae ! Pourquoi tu as dis ça ? »
«
Parce que c’est vrai ! Tu me l’as dis ! »
«
Oui, et je t’ai dis de ne pas le répéter ! »
«
Mais… »
«
Je te croyais digne de confiance pour garder ce secret… On rentre à la maison. »
«
Non ! »
«
Ne discutes pas ! »
Elle cessa de se débattre, se laissant trainer par son frère, rouge de honte et de colère. De sa bouche, elle avait fait une erreur, mais dans l’esprit de la fillette, elle ne voyait pas où était la faute. Pour elle c’était normal de dire la vérité. Pourquoi garder un secret ? Et puis, elle ne voulait faire de mal à personne… Elle voulait juste faciliter les choses à son frère pour qu’il soit heureux. C’était tout ce qu’elle avait voulu faire. Mais apparemment elle n’en avait pas le droit…
Suite à cet épisode fâcheux, Morgane et Tobias ne se parlèrent plus. Ils s’ignoraient dans les règles de l’art. Suite à cet épisode, la relation entre le frère et la sœur changea. Autrefois unis et heureux, aujourd’hui c’est à peine s’ils s’adressaient la parole pour se dire le bonjour. Thalae en était fâchée, mais elle ne pouvait rien faire d’autres que de s’excuser… S’excuser encore, et toujours, à un frère sourd et muet.
I Saw the Death
One...Blabla
Two...Blabla
Three...Blabla
I see you.Blabla
Daily of a Broken Child
BlablablaThe Choice
BlablablaNow
Blablabla