Le Deal du moment : -21%
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, ...
Voir le deal
39.59 €

Partagez

Rorschach ∞ I found myself in the fire burnt hills, bought my fate straight from hell

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
AuteurMessage
Rorschach Austos
Rorschach Austos
Don't get me wrong, it's my name!
Dauntless
Role Play
Role Play
Liens:
: 23 ANS, LE BEL ÂGE
Disponibilité RP:
CharacterENREGISTRE(E) LE : 10/06/2014
ACTIONS : 665
STATUT CIVIL : Célibataire, le flirt en moins.
CREDIT : London Jukebox, la créatrice de l'avatar.

MessageSujet: Rorschach ∞ I found myself in the fire burnt hills, bought my fate straight from hell Rorschach ∞ I found myself in the fire burnt hills, bought my fate straight from hell Empty11/6/2014, 17:27


Austos, Rorschach
© SMOKEDOLLZ
+ nom Le nom d'Austos est un nom dérivé du coquillage qu'est l'huître, auster en allemand. Dans cette famille on tient à vous rappeler dès la naissance que pour protéger votre cœur il faut vous construire une coquille bien solide. A l'image du crustacé qui garde jalousement sa perle. + prénoms Il est né Auguro, son père Érudit avait choisi ce prénom il voyait en cet enfant le symbole de l'espoir récompensé après des années passées à essayer d'engendrer un héritier. A son arrivée chez les Audacieux il a choisi un prénom qui lui colle mieux à la peau : Rorschach (prononcez ʁoʁʃaʁ (ou plus simplement Ror-char)). Souvenir des tests psychologiques qu'on lui a fait passer alors qu'il n'était qu'un gamin, ce nom est resté gravé en lui et symbolise sa lutte contre la faiblesse humaine que sont les peurs. + surnom  Il n'en raffole pas mais face à l'idiotie des gens, il accepte qu'on l'appelle Rory. Enfin, il accepte que ses amis proches l'appellent Rory. Les autres prennent des risques en tentant de lui trouver un surnom. âge 23 ans, âge du début de la maturité pour certains, l'âge de la parfaite adéquation physique et mentale pour lui. + faction d'origine Enfant d'un chercheur en chimie de renom et d'une journaliste engagée, Auguro était le fils de deux Érudits. + faction prédestinée Entraîné par son père, un natif Audacieux transféré chez les Érudits, il a toujours voulu intégrer la faction des gardiens. Son caractère, son attitude et ses capacités physiques faisaient de lui le parfait candidat. Cependant et d'après ce fichu test, il était Érudit. + faction actuelle En dépit de ce que le Test d'Aptitudes lui indiquait, Auguro a choisi de partir chez les Audacieux. + profession Nightingale, rien de moins. Rorschach savait qu'être un transfert pouvait impliquer de devoir faire ses preuves. Hautement intelligent et bien mieux préparé que les autres, il a donc choisi de viser l'excellence et le poste le plus prestigieux. + situation Ceci n'est pas un sujet dont il veut discuter. Son célibat est tout ce qu'il y a de plus normal à ses yeux et il ne cherche pas vraiment à combler le vide qui existe dans sa vie sentimentale. + sexualité Sa sexualité est inexistante, capable de n'avoir du désir que pour une figure d'autorité ou une personne plus forte que lui, il est par défaut asexuel. Et si ses pulsions instinctives le poussent à aimer le corps des hommes d'avantage, il ne compte pas céder à une tentation qui pourrait lui valoir des jugements négatifs au sein de sa faction.


« Bang bang, he shot me down. »

Il a une routine matinale très complète, comprenant une série d'étirements, des poses de yoga, un peu de musculation ∞ Il passe le plus clair de son temps en compagnie des Nightingales ∞ Il donne parfois rendez-vous à sa soeur sur les toits des immeubles Érudits la nuit durant ses patrouilles. Ces discussions sont souvent houleuses mais elles lui donnent le sourire ∞ Il a parfois tendance à être légèrement cleptomane, il replace cependant les objets quelques jours plus tard, c'est plus l'excitation du geste que le vol en lui-même qui le motive ∞ Il passe régulièrement chez les tatoueurs Audacieux pour faire évoluer les illustrations corporelles qu'il a déjà ou pour se faire percer ∞ Il lit les deux journaux à sa disposition, ce qui lui permet de garder un contact avec la culture de la connaissance dans laquelle il a été élevé ∞ Il se définit comme un adrénaline-junkie mais qui sait se contrôler ∞ Il préfère le combat au corps à corps que l'utilisation des armes à feu, car l'affrontement physique lui permet d'exorciser sa colère et sa peur.

feat. DIEGO BARRUECO


« Fear doesn't shut you down, it wakes you up. I've seen it. It's fascinating. »

+ Rang à l'initiation Son père l'avait entraîné pendant des années, volant même parfois du sérum de peur pour qu'il puisse se préparer aux simulations. Mais c'est parce qu'il est impitoyable et fin stratège que Rorschach a fini second à l'Initiation. + Peurs Si le nombre de ses peurs a considérablement diminué depuis qu'il a passé l'Initiation, Rorschach avait comme la plupart des gens, dix peurs à affronter. + Forces Son sang-froid, sa puissance physique et sa rapidité d'analyse étaient ses armes les plus importantes durant l'Initiation. + Faiblesses En bon Transfert Érudit, Rorschach ne faisait pas confiance en son instinct ce qui lui coûtaient de précieuses secondes de réflexion. Des secondes de réflexion parfois cruciales. Heureusement dans l'épreuve finale il a pu compter sur Gengar qui prenait des décisions plus rapides. Gengar était sa deuxième faiblesse, car moulé par un père qui lui avait enseigné qu'il lui faudrait sacrifier autrui pour vaincre, Rorschach s'est vu incapable de faire courir des risques -même s'ils étaient calculés- à son nouvel ami.  
+ Quelle est ta plus grande peur ? Il a eu à affronter ses plus grandes peurs durant les simulations et sans aucun doute c'est cette colère qu'il a en lui qui le terrorise le plus. Cette potentielle explosion de rage qui le guette en permanence. Sa plus grande peur est donc représentée par lui-même avec une peau légèrement charbonneuse et des yeux injectés de sang. + + Quel est ton plus grand désir ? Il se contenterait de pouvoir voir sa soeur quand il veut. Même son père lui manque. Mais son plus grand désir se manifesterait sous une forme de flash-forward, au cours d'une réunion entre leaders. A la table siégerait sa soeur, Antimony, chez les Érudits, il représenterait les Audacieux. + Quelle est l'opinion de votre personnage sur la politique mise en place par les Altruistes ? Si les Altruistes sont un petit peu mous du genou par moment, Rorschach a tendance à trouver que leurs politiques sont sensées et plutôt efficaces. Conscient que la perfection en politique n'est qu'une illusion, il se contente de ce qu'il a. + Que pensez-vous des récentes attaques perpétrées par les Sans-Factions ? Les Sans-Factions sont une population toujours grandissante que Rorschach se doit de surveiller, de réprimer en cas de débordement, mais aussi de protéger. Car comme toutes les minorités ils sont parfois attaqués à tort. + Te sens-tu impliqué(e) dans la vie politique de ta faction ?   En tant que Nightingale, Rorschach est l'un des premiers au courant de la politique que mène Soren. Il se sent de ce fait très impliqué dans la vie politique de sa faction. Il est à ce point impliqué, qu'il aimerait un jour futur, être parmi les dirigeants de la Faction. Il se dit secrètement que ses capacités intellectuelles supérieures à la moyenne de celles des Audacieux pourraient le mener jusqu'en haut de la hiérarchie. 



« You chose us. Now we have to choose you. »

+ pseudo Sixtouchat + âge J'ai déjà vingt-deux ans. + comment avez vous découvert le forum ? Je l'administre c'est bien suffisant !+ comment le trouvez vous ? C'était du travail de le monter, mais il est tout beau au final. I'm a proud daddy. + code du règlement J'ai rédigé le règlement... + d'où viens-tu ? J'habite à Bruxelles, je viens cependant du sud de la France.   + que fais tu ? Je suis étudiant en Sciences-Politiques et prochainement en Lettres Modernes.  + mon personnage est un inventé. + combien de mot/ligne fais tu par RP ? Entre 800 et 1200 mots en règle générale, mais je n'ai pas vraiment de limite max. + un dernier mot ? Autre chose à dire ?


Diego Barrueco Rorschach Austos
CREDIT

Rorschach Austos
Rorschach Austos
Don't get me wrong, it's my name!
Dauntless
Role Play
Role Play
Liens:
: 23 ANS, LE BEL ÂGE
Disponibilité RP:
CharacterENREGISTRE(E) LE : 10/06/2014
ACTIONS : 665
STATUT CIVIL : Célibataire, le flirt en moins.
CREDIT : London Jukebox, la créatrice de l'avatar.

MessageSujet: Re: Rorschach ∞ I found myself in the fire burnt hills, bought my fate straight from hell Rorschach ∞ I found myself in the fire burnt hills, bought my fate straight from hell Empty11/6/2014, 17:27

Planche  ∞ 10 ∞

L'évier en céramique blanche était maculé de petites taches orangées que l'eau s'évertuait à tenter d'effacer. Le gamin tremblait de terreur. Plus il tentait de rendre au meuble de salle de bain sa blancheur originelle moins ses efforts étaient récompensés. Avant qu'il ne comprenne pourquoi les petits cercles rougeâtres s'étendaient sur le sol et sur ses pieds comme une traînée de poudre. « Auguro dépêche-toi ! » Il sursauta, soudainement pris d'une panique supplémentaire. Il allait se faire réprimander, sa mère n'était pas très patiente, ni avec lui, ni avec personne. Auguro ouvrit en grand le robinet laissant le flux d'eau s'intensifier pour être plus efficace. Sans qu'il ne s'en rendît compte il venait de mettre cette dégoûtante couleur rouge sur le robinet, augmentant encore son travail à fournir avant de sortir de la pièce. « J'arrive Maman ! » Il fallait qu'il retarde au maximum la venue de l'ordre. Car si elle n'était pas très patiente quand elle l'avait sous les yeux, elle l'était encore moins quand elle ignorait ce qu'il se passait. L'ignorance était la base de tous les malheurs du monde et il lui fallait absolument éviter qu'elle lui ordonne d'ouvrir la porte. Ses mains s'évertuaient donc à frotter sans relâche les endroits où s'aggloméraient les taches. « Mais qu'est-ce que tu fais bon sang ? » Elle commençait déjà à perdre son calme, il ne lui restait pas beaucoup de temps. Du haut de ses cinq ans il devait trouver un mensonge acceptable pour détourner l'attention maternelle de sa personne. Avec un petit peu de chance Antimony se mettrait à pleurer... non elle ne pleurait jamais, il n'avait aucune raison de compter sur cette distraction. « Je me lave les mains. » Ce n'était qu'un demi-mensonge, une demie-vérité. Il avait commencé par se laver les mains, mais maintenant toutes ces tâches, toutes ces possibilités de tomber malade. Il fallait qu'il nettoie. « Cela fait un quart d'heure que tu es dans la salle de bain ! » L'évier était presque propre, maintenant il fallait passer à ses mains, un peu de savon. La sensation de brûlure le fit grimacer mais il continua de frotter avec plus d'application, avec l'éponge à peaux mortes pour être plus efficace. « Je sais mais c'est sale. » « Laisse-moi entrer. » Entrer ? Ce n'était pas envisageable, ce n'était pas possible ! Auguro devait trouver une bonne façon de la retenir en dehors de la salle de bain. « Non ! » C'était tout ce dont il avait été capable. Il se mordit la lèvre pour se punir d'avoir été aussi stupide. L'évier était de nouveau sale, le savon ne faisait aucun bien dans sa situation. « Auguro ne discute pas et ouvre moi ! » « Mais je vais mettre du sang partout ! » Quel idiot ! Il avait avoué sa bêtise au lieu d'essayer de la maintenir plus longtemps en dehors du problème. Maintenant elle allait paniquer. « Du sang ? Pourquoi il y a du sang ?  OUVRE CETTE PORTE ? » Traînant les pieds, il laissa ses mains sous l'eau une seconde de plus et se dirigea vers la porte, les deux bras tendus aussi loin de son visage que possible, comme si le fait d'éviter d'approcher les plaies de sa bouche pouvait lui être d'un quelconque secours. Sa prise sur la poignée glissa, répandant une eau ensanglantée sur le métal et sur le sol, ses yeux piquaient. Il sentait tout à la fois la douleur de la blessure, l'appréhension des remontrances et la peur de tomber malade se mélanger en un cocktail explosif. Après un second essai Auguro réussit à ouvrir la porte sur une mère à la fois en colère et inquiète. Une mère qu'il ne laissa pas parler. « J'ai pas fait exprès, j'ai frotté un peu trop fort et maintenant il y a du sang. » « Pourquoi tu as fait ça ? » Il fut partiellement surpris qu'elle n'ait pas compris tout de suite, elle qui était à ses yeux si intelligente. Alors il dut le lui expliquer, de la façon la plus simple qu'il le pouvait. « C'est à cause des microbes ! » Sa peur panique de la maladie lui avait causé des entailles sur les doigts et les paumes, il avait frotté avec tant d'ardeur au gant rêche qu'il avait engendré plus de mal que de bien.
Planche ∞ 5 ∞

Assis dans son lit, dos au mur Auguro regardait son père avec excitation. Le moment du coucher était un de ces instants préférés. Parce que c'était l'un des seuls où son père était totalement disponible pou lui mais aussi parce qu'il pouvait profiter de ses histoires. Antimony, qui avait appris à lire il y a quelques mois et ne réclamait d'histoires, dormait depuis un quart d'heure, sa mère était dans la pièce d'à côté à travailler sur un projet obscur. C'était son moment, même s'il adorait lire, écouter son père lui conter son passé d'Audacieux était fascinant et son imagination débordante permettait à Auguro une projection réaliste. Assis au bord du lit, son père attendait de savoir ce qu'il allait devoir raconter ce soir. « Tu me racontes encore une fois l'histoire de l'Initiation des Audacieux Papa ? » C'était sa préférée, probablement parce que depuis sa plus tendre enfance son père tentait de le modeler pour en faire un futur Audacieux. Cet homme, aussi intelligent fût-il, n'était pas né Érudit, ce qui surprenait Auguro chaque fois qu'il ouvrait la bouche. Il adulait son père pour le courage dont il avait fait preuve en quittant la faction dans laquelle il était né pour celle à laquelle il avait toujours senti qu'il appartenait réellement. « Allonge-toi. » « Mais je préfè... » « Auguro. Allonge-toi. Sinon tu iras dormir sans histoire. » L'impossibilité d'argumenter contre les décisions parentales était une lutte quotidienne qu'il devait mener contre sa combativité instinctive. Une combativité nourrie par les entraînements physiques journaliers que lui dispensait son paternel pour le préparer à son futur d'Audacieux. Un futur qu'il ne se souvenait pas avoir choisi mais qui lui convenait. « Mais je veux l'entendre jusqu'au bout ! » Il avait cette fâcheuse tendance à s'endormir juste avant la fin des histoires. Son père lui interdisait toute intervention durant ses récits et Auguro ne restait pas longtemps sans parler quand le calme régnait dans une pièce. « Tu lutteras contre le sommeil si tu veux entendre la fin. » « D'accord. » Il finissait toujours par accéder aux demandes de son père, c'était un schéma répétitif dans lequel ils s'étaient enfermé, un schéma qui finissait par devenir lassant mais dont il ne pouvait plus s'échapper. « Chez les Audacieux, l'Initiation se déroulait en plusieurs étapes. La première épreuve était celle que mes parents disaient être la plus révélatrice des gens. On inoculait un sérum à l'Initié, ce sérum stimulait la zone du cerveau qui génère la peur. Plongé dans une simulation qui le confronte à ses plus grandes peurs. Pour sortir de cette illusion il n'avait pas d'autre solution que d'affronter la peur ou de calmer leur rythme cardiaque. Tu vois, il y a deux méthodes pour vaincre. La plus pragmatique est de s'asseoir et de faire le vide, rappelle-toi toujours de ça. Quand tu ne peux pas vaincre, il vaut mieux ne rien faire jusqu'à ce qu'une ouverture se présente, une fenêtre d'opportunité. » Fasciné quoique déjà somnolant, il ne put se retenir à l'envie de montrer à quel point il était bon élève. Cette intervention serait forcément appréciée par son père, elle était constructive et prouvait qu'il comprenait l'utilité des leçons que ce dernier lui fournissait sur son temps libre. « C'est comme quand tu me dis d'attendre le meilleur moment pour taper dans le sac ? Attendre le moment où ça a le moins de risque de me faire mal et le plus de chance de lui repousser ? » L'excitation dans la voix de l'enfant était perceptible jusque dans ses yeux. Donner la bonne réponse au bon moment était un témoignage de la part d'érudition qu'il avait en lui et qu'il voulait exprimer aussi souvent que possible. Auguro cherchait par ce biais à percevoir un peu de fierté dans le regard de son père. Une fierté qu'il ne verrait pas pointer avant un moment. « C'est un peu ça, maintenant tais-toi. La deuxième étape, celle pour laquelle je te prépare le plus, c'est l'épreuve physique. On veut faire de l'Initié un futur soldat, capable d'atteindre sa cible avec une arme ou de la neutraliser au corps-à-corps. On pousse les Initiés à se battre les uns contre les autres pour plusieurs raisons... » « Pour qu'ils montrent qu'ils sont capable d'analyser le comportement de l'autre et pour développer leurs capacités physiques ! » Il ne pouvait pas s'en empêcher, il voyait un peu en l'expression de ses connaissances la manifestation de l'héritage intellectuel que ses parents lui avaient légué. « Auguro si tu m'interromps encore une fois, je ne finis pas le récit ! » « Désolé. » Bon sang ce qu'il détestait s'excuser pour une faute qu'il estimait illégitime. « Surtout que tu oublies le plus important. Créer une tension et un esprit de compétition entre les Initiés. C'est à ce moment là que tous les jeunes comprennent l'importance du classement. Mais toi Auguro, tu dois comprendre cette importance dès le départ. »   Dire à un Érudit, même un enfant d'Érudit, qu'il oubliait une notion, un aspect d'une notion était presque une insulte à son intelligence. Une façon de soulever son incapacité à mettre ensemble un faisceau de connaissances pourtant liées par de profonds connecteurs logiques. « Enfin vient la dernière étape, elle se fait en groupes et elle permet de montrer les aptitudes des uns à prendre la position de leader, celle des autres à suivre ou encore à réfléchir. Dans une partie de la Ville les Initiés ont une mission à accomplir, un otage à sauver. Il y a des pièges sur tous les chemins sauf un. Si tu utilises ton cerveau comme on te l'a enseigné, tu devrais être capable de t'en sortir sans déclencher un seul piège. Je te conseille d'apprendre à utiliser un camarade pour tester une route. Manipuler est parfois nécessaire pour gagner, mais le sacrifice est parfois nécessaire... » Dans tout récit, son père réussissait à implanter une morale. Qu'Auguro la jugeât nécessaire ou non, il ne pouvait y échapper. Manipuler lui semblait foncièrement douteux sur un plan éthique, mais l'éthique était une chose que son père lui avait appris à négliger quand la finalité visée le justifiait. C'était une leçon de plus qu'il se devait de retenir, non seulement pour faire honneur à l'enseignement de son père mais aussi pour pouvoir avancer dans la vie avec succès et facilité.

Il s'endormit, apaisé et bienheureux. Son père l'embrassa avant de sortir de la chambre. Le sommeil calme, il rêva d'une vie totalement différente chez les Audacieux. La sensation dérangeante que quelque chose s'infiltrait dans sa bouche le réveilla en sursaut. Dans la chambre éclairée par la lumière d'une veilleuse Auguro pouvait distinguer ce qu'il avait eu dans la bouche une seconde plus tôt. Un insecte voletait de façon désorganisée devant ses yeux. La panique qui l'agita fut si violente qu'elle fit vriller son sang. Après un cri, expression de sa terreur, il put sentir la haine monter. Une réaction complètement irrationnelle, et donc que son père aurait méprisait, s'empara de lui. Écrasant sa main contre le mur, insecte compris, il le tua. Mais ce n'était pas assez à son goût. Par pur esprit de vengeance il continua de frapper contre le mur et le cadavre aplati de la bestiole volante en souriant. Le sentiment de satisfaction qui l'habitait était une catharsis parfaite. Cependant, lorsqu'il aperçut un second insecte voler dans la pièce il ne put se retenir. Sautant sous la couette il bloqua sa respiration. Il avait fait l'erreur de laisser ces aberrations de la nature le toucher une fois, il ne le ferait pas deux.
Planche ∞ 4 ∞

Torse nu s'énervant contre un objet uniquement animé par les impacts de ses poings, il ne réfléchissait pas, c'était devenu un automatisme, faire preuve de plus de puissance, de plus d'acharnement, de plus d'endurance. « Auguro... » L'enchaînement de coups s'arrêta immédiatement, il savait qu'il n'avait pas fait ce qu'il fallait. « Désolé. » Les joues rougies par l'effort, le souffle court, il tentait de retrouver ses esprits. Pendant qu'il présentait des excuses son père émit un son méprisant. « Recommence. » Ses poings s'enfonçaient dans le sac, violemment, sous le regard quelque peu assassin de son père. Cela faisait une heure qu'il frappait inlassablement dans cette poche de sable de cinquante kilogrammes. La frénésie qui animait son âme s'évaporait peu à peu, son corps s'épuisait à s'agiter sans cesse autour d'un morceau de tissu bourré. « Arrête. » La voix de son père le glaçait sur place. L'autorité dans son ton ne laissait place à aucune discussion. « Si tu n'es pas capable de frapper dans ce sac correctement nous allons faire autrement. » Sa main sur son épaule suffisait à traduire sa déception, par la simple pression qu'il exerçait sur son articulation Auguro savait ce que son père avait en tête et il n'osait même pas y songer. « Frappe-moi. » « Non ! » La main repliée en un poing fendit l'air en direction de son visage alors qu'il mobilisait toutes ses ressources pour l'éviter sans tomber. Un deuxième coup était parti sans qu'il s'en soit rendu compte et vint se planter dans le sternum lui coupant le souffle. « Et tu espères être prêt pour l'initiation des Audacieux ? Tu n'as aucune idée de ce qui t'attend. » Luttant contre l'envie de vomir qui l'avait saisi.  Il essuya la sueur qui perlait de son front à ses tempes. « J'ai encore du temps Papa ! » « Cela arrivera plus vite que tu ne le crois et c'est pour cette raison que tu dois t'atteler à ton entraînement. » Les ordres de son père n'étaient de façon générale pas discutables, parce que d'une clarté limpide et d'un raisonnement sans faille. Cependant cette fois-ci Auguro voyait un trou béant dans l'argumentation paternelle, et il comptait bien le faire savoir. « Papa, j'ai onze ans ! J'ai encore sept ans d'entraînement avant de faire le choix de ma faction. » La brûlure qu'il ressentit alors enflammer sa joue n'avait rien de comparable avec le poing qui s'était fiché dans son ventre. Cette claque n'était pas faite pour le blesser mais pour le remettre à sa place. « Les natifs seront plus forts que toi si tu ne fais pas des efforts intenses et quotidiens. J'étais plus fort, plus vif et plus agile que tu ne l'es maintenant à huit ans. » Son père lui était en tout point supérieur, il le lui répétait assez et le prouvait avec autant d'insistance. Sur un plan purement physiquement le préadolescent était clairement soumis à son paternel et il détestait ça, mais pis encore il n'avait pas son intellect. Oh il n'était pas bête loin de là, en bon fils d'Erudit il était doté d'un cerveau tout à fait remarquable. Cependant son père, qui avait renié les Audacieux au profit des Érudits, dominait la science avec aisance et jouissait d'un respect de toute la communauté pour son travail sur les sérums servant aux simulations et à la tranquillité d'esprit. « J'attends mieux de toi. » Il le malmenait et plus il montrait sa force, plus l'entraînement devenait difficile à supporter pour le gamin qui ne rêvait que de rejoindre les Audacieux. Son père l'aimait et c'était pour cette raison qu'il était aussi dur avec lui, parce qu'il avait du potentiel. Ses coups arrivaient rarement à atteindre le corps longiligne de son père qui se mouvait avec une rapidité impressionnante pour un homme qui avait passé près de vingt ans sans lever la main sur qui que ce soit. Tout chez lui suscitait l'admiration de son fils, tout criait la terreur qu'il devait lui inspirer, lui qui était capable de le briser. Et bientôt entre admiration et terreur, Auguro trouva un équilibre, la peur. Mais ce n'était pas de son père qu'il avait peur, c'était de sa faiblesse face à l'ennemi, l'incapacité à donner du fil à retordre à son adversaire. Cette sensation désagréable d'être sans défense alors qu'on se croit si bien armé. Leurs duels finissaient souvent mal, parce qu'Auguro ne savait pas s'arrêter et que la peur qu'il éprouvait se muait inlassablement en rage, une rage meurtrière, presque sadique, qu'il prenait un plaisir impitoyable à laisser s'écouler contre le corps ferme de son père. Leurs duels finissaient souvent mal, oui, pour lui, parce que quoiqu'il fît, l'adulte avait le dessus et inévitablement arrivait le coup de trop, le poing mal placé, celui que l'enfant n'arrivait pas à éviter.

Ce jour-là marqua la fin de l'enfance d'Auguro, il marqua la fin d'Auguro à vrai dire. Jusqu'alors il avait toujours compris que la douleur faisait partie intégrante du combat, il avait réussi à intégrer l'idée que même si son père le blessait légèrement pendant leurs entraînements, c'était pour son bien. Mais si ce jour allait marquer la fin d'Auguro, c'était avant tout parce qu'il allait célébrer la naissance d'une nouvelle personne, un jeune homme plus fort, plus dur, un peu plus sombre aussi. Tout ce qu'il sentit ce fut l'impact sur le bas de son visage, la décharge électrique qui parcourut tout son corps avant de tomber au sol, incapable de prononcer un mot. L'impossibilité de parler le paralysa de terreur, c'était là l'ampleur de sa faiblesse face à son ennemi. Ce n'était pas son père qu'il voyait comme son agresseur, c'était le symbole de sa propre impuissance. « A-a  e ne... » « Arrête de parler, montre-moi. » Le regard brun de son père se posa sur son visage, sa mâchoire avait été déboîtée par la violence du coup. Auguro attendait, patient, malgré la douleur, que son père fixe la situation. « Tu veux être un Audacieux un jour ? Tu peux commencer par remettre en place ta mâchoire par tes propres moyens. »

Onze ans, il avait onze ans. Cette froideur envers lui, il ne la prenait pas comme un test, il la percevait purement et simplement comme un acte de cruauté. Sa bravoure n'avait pas à être éprouvée de la sorte et face à son regard interrogateur son père lui asséna le coup de grâce. « Et fais ça vite. » D'une main tremblante Auguro tenta de pousser sa mâchoire vers la gauche, la décharge de douleur qui s'en suivit l'empêcha de continuer. Il avait du mal à respirer, du mal à déglutir, son esprit embrouillé refusait de fonctionner correctement, si bien qu'il était perdu dans un brouillard de larmes sur le point de couler. C'était l'ultime preuve de faiblesse et il le savait parfaitement. A tâtons il chercha a reprendre son équilibre avant de se lever et de sortir à l'aveuglette de la pièce. La poignée de porte menant aux toilettes trouvée il la poussa avant de tomber à genoux au dessus de la cuvette. Compter jusqu'à trois et ne pas réfléchir. Auguro positionna sa tête au dessus de l'angle du trône d'aisance. Un, inspirer et fermer les yeux. Deux, expirer et prendre de l'amplitude. Trois, frapper sa mâchoire dysfonctionnelle dans la direction opposée avec autant de force possible sur le segment plat de la cuvette. Le bruit que fit l'articulation le hanterait pendant longtemps, de même que son cri. Mais il avait réussi et c'était une preuve de son potentiel. « L'entraînement est fini pour aujourd'hui, je suis fier de toi Auguro. » Il n'était plus  Auguro, il n'était plus ce gamin cherchant à plaire à son père. Il était quelqu'un d'autre, quelque chose d'autre. Une entité en gestation, qui prendrait son temps pour grandir.
Rorschach Austos
Rorschach Austos
Don't get me wrong, it's my name!
Dauntless
Role Play
Role Play
Liens:
: 23 ANS, LE BEL ÂGE
Disponibilité RP:
CharacterENREGISTRE(E) LE : 10/06/2014
ACTIONS : 665
STATUT CIVIL : Célibataire, le flirt en moins.
CREDIT : London Jukebox, la créatrice de l'avatar.

MessageSujet: Re: Rorschach ∞ I found myself in the fire burnt hills, bought my fate straight from hell Rorschach ∞ I found myself in the fire burnt hills, bought my fate straight from hell Empty11/6/2014, 17:28

Planche  ∞ 8 ∞

« Tu le lâches ouais ? » La voix d'Auguro avait claqué dans l'air comme un fouet. Il s'adressait à un des caïds Audacieux de l'école. De deux ans son aîné il passerait bientôt le Test d'Aptitudes. Auguro n'avait aucun doute sur le choix de cette brute épaisse. Lui qui était en train de plaquer un gamin de quatre ans son cadet n'avait aucun esprit de justice, aucun respect des plus faibles et assurément aucune intelligence. « Qu'est ce que tu nous veux le rat de laboratoire? » L'insulte le gifla. Il était habitué à ce que certains élèves se moquent de sa faction, mais pas directement de lui. Le groupe d'élève autour d'eux se mit à rire en réaction à la moquerie. Une bouffée de colère prit Auguro à la gorge. « Laisse-le tranquille. » C'était un ordre, prononcé sur le même ton que son père. A quatorze ans, il avait déjà perdu pas mal de son innocence et adopté des comportements de leader guerrier. La diplomatie n'était pas son point fort, après plus ou moins quatre ans d'entraînement physique avec son paternel il trouvait la voie des poings plus efficace que celle du dialogue. « Sinon quoi ? Tu vas nous jeter un livre à la gueule ? » Encore une fois des rires. Il ne pouvait pas les encaisser, ce n'était pas drôle, il n'était pas intervenu pour qu'on se moque de lui. « Sinon je vais te faire regretter d'avoir emmerdé un gamin de quatre ans de moins que toi juste pour prouver que tu étais un vrai mec. » Attaquer la virilité masculine était le meilleur moyen de détourner son attention, de la rediriger vers celui qui osait lui tenir tête. Cela eut l'effet escompté, le jeune adolescent retrouva son souffle pendant que le bourreau s'approchait d'un Auguro en apparence calme. « Quoi c'est ton petit-copain ? » Touché. Son père lui répétait toujours de ne pas lancer une attaque dont il ne supporterait pas la réponse. Alors qu'il faisait face à près d'un mètre quatre-vingt-dix de muscles, Auguro se préparait, poings serrés, à mettre en application les leçons de son père. Mais ces rires... ces rires le déstabilisaient, il ne pouvait pas se concentrer quand autant de personnes le regardaient et le montraient du doigt. « Quoi ? N'importe quoi ! » C'est alors qu'il entendit l'injure homophobe dirigée vers lui et reprise dans la seconde par deux ou trois autres voix. C'était plus qu'il ne pouvait le tolérer. Par dessus l'épaule du tyran il pouvait apercevoir le reste de sa bande de gorilles. Mais il s'en fichait, alors qu'il faisait semblant de reculer il planta son poing dans la mâchoire de l'Audacieux, en espérant le faire fléchir pour l'achever en deux coups. Le retour de manivelle fut plus important qu'il ne s'y attendait et s'il eut le temps de faire un pas en arrière, il ne parvint pas à éviter le coup porté à son plexus. Son coup de pied se fracassa dans le genou de son adversaire qui chancela un peu avant de lui administrer un crochet du droit dans le ventre. Le souffle coupé et la vue obstruée par des étoiles, Auguro faillit tomber avant de donner un second coup de pied exactement au même endroit. S'il avait bien appris une chose des entraînements de son père c'était de se concentrer sur un point affaibli par un coup antérieur. La mâchoire protégée ne lui laissait pas d'autre opportunité que le genou.

Avant que toute pensée ne traversât son esprit il heurtait le sol. La rencontre de la pierre et de son dos le laissa cloué à terre alors que l'Audacieux savourait sa victoire. Une victoire imméritée puisqu'elle lui revenait grâce à une tricherie. Un de ces acolytes s'était en effet faufilait derrière Auguro pour lui faucher les jambes avec un coup de pied. « Eh Austos, la prochaine fois que tu t'attaques à quelqu'un assure-toi de pouvoir le battre ! » S'assurer de regarder ses arrières n'aurait pas dû être nécessaire dans un combat loyal. « Mais quelle tapette, t'as vu comme il a volé ? » « C'est parce que les tafioles ne savent pas se battre. » Alors qu'il se relevait péniblement, la vue embuée de larmes de rage, il sentit la douche froide en entendant l'injure doublée de l'humiliation publique d'avoir une assemblée pour assister à sa défaite. Auguro de nouveau debout regardait ces abrutis s'éloigner. Ne pouvant plus résister à la colère qui le dévorait, il se lança à leur  poursuite. Ses articulations lui tirèrent une grimace quand il sauta pied en avant dans le dos de son adversaire. Une fois son aîné à terre il n'en avait pas fini. Un coup de pied brutal s'aplatit contre la mâchoire audacieuse, dont un peu de sang s'écoulait, avant qu'un second ne vienne percuter les côtes de l'adolescent à terre. Il fallut trois personnes pour le séparer du corps inerte de la brute de l'école.
Planche ∞ 2 ∞

Le bureau du Fraternel était moins chaleureux qu'il ne s'y serait attendu. Affalé dans un canapé à beige à fleurs rouges il patientait. Sa lèvre le faisait souffrir, ses côtes le faisaient souffrir, même ses jambes le faisaient souffrir. Il eut un pincement au cœur en constatant que sa chemise neuve était éclaboussée de sang. Il n'aurait su dire si c'était le sien ou celui du gars avec qui il venait de se battre. Le psychologue entra et le salua d'un geste de la tête avant de s'asseoir en face de lui. « Auguro, je suppose que tu sais pourquoi tu es là aujourd'hui. » Tu parles d'une évidence, s'il avait eu des doutes il n'aurait eu qu'à regarder sa main dont les articulations avaient gonflé ou son haut maculé de taches brunes. Mais c'est en bon Érudit précis et efficace qu'il répondrait. « J'ai envoyé un garçon à l'hôpital. » Après avoir heurté le sol son adversaire avait perdu connaissance et le coup de pied que lui avait envoyé Auguro dans la mâchoire n'avait certainement pas aidé. « Pourquoi as-tu fait cela ? » « Je ne l'ai pas fait exprès. » Et c'était vrai, il n'avait pas fait exprès d'envoyer ce type à l'hôpital. Tout ce qu'il avait voulu c'était lui faire mal, lui apprendre une leçon et le ridiculiser un peu. « Tu as conscience que ce que tu as fait été grave n'est-ce pas ? » Il avait de ces questions lui. Même s'il n'en avait pas eu conscience, la seule idée de devoir expliquer à ses parents que par sa faute un futur Initié allait passer plusieurs jours dans une chambre d'hôpital, avec des côtes et un tibia cassés, suffisait à le confronter à la réalité. « Oui, mais je ne le regrette pas. » C'était la vérité la plus crue. Auguro aurait presque pu être Sincère s'il n'avait pas eu une tendance insupportable à mentir quand il s'ennuyait pour voir jusqu'où il pouvait mener en bateau ses congénères. « Explique-moi ça. » « Ce type est un idiot et un lâche, il s'en prend toujours à des garçons qui ont deux ou trois ans de moins que lui et qui sont des fraternels qui refuseront de se battre. Et puis... il m'a traité de... » Le feu de la honte courut le long de sa colonne vertébrale. Il ne pouvait pas laisser ça se reproduire, ce n'était pas possible. Il faudrait qu'il évite à tout prix d'être de nouveau l'objet des insultes et des quolibets. « De quoi ? » Pourquoi le forçait-il à répéter des mots qui l'avaient mis dans un état de rage quelques heures plus tôt ? Ce type avait peut-être eu un diplôme de psychologie mais il n'avait pas l'air de comprendre comment fonctionnait Auguro. « Il a dit que j'étais une tapette. » Le simple fait d'énoncer à voix haute cette insulte rouvrait les canaux qui déversaient sa haine.  Il attrapa un coussin du canapé et le colla contre son torse, les mains crispées dans le tissu pour se calmer. « Donc tu as décidé de te venger. » Dit comme ça la situation était bien plus cruelle qu'elle ne l'était réellement. Ils s'étaient battus, ils étaient tous les deux responsables et Auguro n'était pas le premier à avoir été déloyal. Il était juste celui qui avait osé pousser la déloyauté le plus loin. « Tout le monde riait de moi, il fallait que cela cesse. Maintenant ils me respectent parce que je l'ai envoyé à l'hôpital. » L'idée que les autres avaient arrêté de rire le soulageait, il y trouvait un certain réconfort, comme l'assurance qu'il n'était plus vu comme une tapette mais comme un garçon à part entière. « Comment te sens-tu par rapport à ça ? » « Bien. » « Vraiment ? » Son père lui avait souvent dit que les psychologues étaient des charlatans. Peut-être parce qu'ils n'avaient pas le même niveau de qualification que les psychiatres ou tout simplement parce que leur seule méthode d'étude reposait sur la prémisse que le sujet était honnête. Or s'il y avait bien une chose qu'Auguro n'était pas c'était bien honnête. Mais il ne voyait pas de raison suffisante pour mentir à cet instant, alors il décida que la vérité lui serait plus utile qu'un mensonge. « Oui, il méritait de souffrir, pour tout ce qu'il nous a fait subir. » « On va faire un petit test si tu veux bien. » Un test ? Il se prenait pour un enseignant ? Était-il frustré par son choix de carrière ? Auguro sourit avant de reporter son attention sur l'adulte dans la pièce. « Pour faire quoi ? » « Afin de définir si on doit se revoir ou non. » La nouvelle le déstabilisa quelque peu, pourquoi devraient-ils se revoir ? Ils n'avaient aucune raison de passer du temps ensemble. Ce n'était qu'un accident, un problème qui ne se reproduirait pas. « Si on doit se revoir ça veut dire que j'ai un problème ? » Il ne pouvait pas avoir de problème. Il ne pouvait pas dire à ses parents qu'il avait besoin d'aller voir un psy. « Je crois que tu es un garçon très intelligent et très en colère, c'est un mélange qui peut s'avérer assez dangereux. » La flatterie ne le mènerait nulle part. Personne n'obtenait rien d'Auguro à moins qu'il ne l'autorise. Ce n'était pas un pauvre psychologue qui voulait faire un test qui arriverait à lui faire cracher quoique ce soit. Et puis, s'il était aussi intelligent qu'il le disait peut-être que les méthodes pour le manipuler devraient être moins grossières. « Je ne suis pas si intelligent. » « Tu crois ? » Qu'est-ce qu'elles étaient chiantes ses questions ! « Mon père est vraiment intelligent, moi je suis malin c'est tout. » Auguro se demanda vaguement ce qu'une phrase aussi informelle que celle qu'il venait de prononcer pouvait avoir d'intéressant pour que le psychologue s'échine à prendre autant de notes. Son interrogation resterait sans réponse.

Une seconde après avoir posé son stylo, l'adulte se mit à brandir une sorte de planche sur laquelle il y avait un dessin relativement abstrait. « Qu'est-ce que tu vois là ? » Une tache d'encre, voilà ce qu'il voyait, mais pour que les choses se passent comme il l'espérait il devait répondre quelque chose d'un peu plus poussé que ça. Auguro détestait être laissé sans informations quant à ce qu'il devait accomplir. Ne pas pouvoir anticiper ce qu'était une bonne réponse le mettait mal à l'aise. « C'est quoi ce test ? » « On l'appelle le test de Rorschach. » « Rorschach... » Ce nom lui plut immédiatement. Une idée venait de pointer le bout de son nez dans son esprit -bien qu'on ait pu débattre du fait qu'une idée ait un nez- Rorschach serait son prénom d'Audacieux. Il n'aurait jamais gardé Auguro comme prénom, mais il n'avait jamais réfléchi à comment il choisirait de se faire appeler. D'ailleurs à partir de maintenant il penserait à lui-même comme Rorschach. « Je te montre des planches avec des images et tu me dis ce que tu y vois. » Cela semblait assez simple. Même si les planches du test étaient relativement abstraites il trouverait bien quelque chose à en dire. Il trouvait toujours quelque chose à dire. La première planche qu'il lui montra ne laissait pas une grande place à l'imagination. Il eut un mouvement de recul en laissant son imagination magnifier la forme. C'était une des plus hideuses choses qu'il connaissait qui prenait vie sur la page de papier. « Un insecte volant avec un dard. » La seconde était encore une fois assez facile à interpréter. Rorschach avait laissé tomber sa garde, il répondait sans réfléchir, du tac au tac, sans se dire qu'il prenait un risque. « Un homme qui se regarde dans le miroir. » La troisième planche lui tira un frisson. Le mec qui avait réalisé ses dessins devait avoir un sérieux problème psychologique. Tout ça était on ne peut plus morbide. Le fait de se faire évaluer psychologiquement par un test de la sorte le mettait particulièrement mal à l'aise. « Deux hommes qui viennent de se tirer dessus. » Les planches se succédaient et n'étaient pas plus joyeuses les unes que les autres. Rorschach ne se rendait pas compte qu'il était celui qui analysait les dessins, qu'aucun d'entre eux n'avait à être morbide ou sanglant. « Un animal mort. » La planche suivante lui évoqua clairement un vagin. Pas qu'il en ait déjà vu en vrai, mais il avait lu des livres sur la reproduction et tout ce qui s'y rapportait. Les images restaient gravées dans sa mémoire, spécialement celles sur l'anatomie féminine et le rapprochement avec un mollusque qui lui était tout de suite venu en tête. « Un sexe féminin. » Les images défilaient, la dernière lui fit mal dans tout le corps. Il se mit à se frotter les mains par réflexe. « Un amas de microbes » Les souvenirs de ses troubles obsessionnels compulsifs qu'il avait défiés et partiellement vaincus se calmèrent une fois l'image rangée. Ils se mirent à discuter, ce que Rorschach pensait être un test rapide venait de se transformer en une discussion qui dura plus d'une heure. Cette évaluation était dans la poche, il avait même réussi à faire rire l'adulte. Il était convaincu de se l'être mis dans la poche. Il n'y avait aucun doute sur l'issue du dialogue. Rorschach se savait en parfaite santé mentale. Il avait une vie difficile par moment, son père était particulièrement exigeant. Mais rien chez lui ne clochait. « Bien... tu vas revenir la semaine prochaine à la même heure et on fera ça pendant quelques semaines. » « Pourquoi ? » Ce n'était pas possible ! Il l'avait fait rire ! Ils s'étaient bien entendus ! Il avait montré qu'il était un garçon comme les autres. Non, non, il ne pouvait pas dire à son père qu'il devait aller voir un psychologue, suivre une thérapie... « Parce que je veux évaluer les risques que tu représentes pour tes camarades et pour toi-même. » Revinrent en mémoires toutes les notes que l'adulte avait prises durant leur entretien, quand il avait mentionné le passage avec l'insecte écrasé contre son mur. A ce moment il avait ri. Quand il avait raconté la fois où il avait replacé sa mâchoire seul, il avait paru impressionné. Il avait menti, feinté, dupé. Ce que Rorschach avait pris pour un compliment n'en était pas un en fin de compte. C'était une mise en garde qu'il n'avait pas su voir. Il se leva, tentant de contenir la colère qui l'habitait après cette prise de conscience tardive. Alors qu'il allait sortir sans faire de vague, qu'il allait montrer qu'il ne méritait pas l'intérêt que lui portait le psychologue, Rorschach fut pris d'une pulsion. Il attrapa la lampe à côté du canapé et la jeta en direction de celui qui venait de le condamner à des heures de discussion. Il pensait avoir maîtrisé la trajectoire, mais il avait négligé le fil rattaché à la prise murale. L'axe originel fut dévié de quelques centimètres et la lampe percuta les avants-bras repliés pour se protéger le visage du spécialiste de la psyché. Rorschach comprit alors. Il était dangereux, pas seulement pour les autres, mais aussi pour lui. Il aurait très bien pu sortir de la pièce sans ce geste. Mais il savait pertinemment qu'une fois dehors il se serait enfermé dans une pièce pour taper dans un mur jusqu'à ce qu'il ait tellement mal à la main qu'il n'aurait plus la force de frapper. Ou peut-être aurait-il choisi de rouvrir la porte à ses vieux démons et de passer une heure à se frotter l'intérieur de la cuisse avec une éponge à récurer. C'était la seule façon pour lui d'évacuer la colère. La violence était sa seule réponse à la colère, à la peur. Et maintenant il avait plus peur de ce qu'il aurait pu être capable de faire à autrui ou même à lui-même, qu'il n'avait jamais eu peur d'autre chose. Il pouvait détruire son corps, se faire du mal, se rendre malheureux... rien n'irait jamais bien s'il n'arrivait pas à trouver un moyen de sublimer sa colère en quelque chose de positif.
Planche ∞ 7 ∞

« Érudit. » Le mot avait résonné dans la salle comme s'il s'était agit d'un bâtiment gigantesque. Rorschach, puisque c'était ainsi qu'il faisait référence à lui-même à présent, resta bouche bée une seconde avant de décider qu'il fallait qu'il soit sûr de ce qu'il avait entendu. « Pardon ? » « Érudit, le résultat de ton test est Érudit. » Ce n'était pas possible, il avait pourtant tout fait comme il fallait. D'accord il n'avait pas tué la bête mais il lui avait sectionné les articulations avec une précision quasi-chirurgicale, la rendant totalement incapable de bouger. Il avait seulement analysé la situation et agi de façon intelligente. Mais il avait fait le nécessaire pour éliminer le danger ! « Il doit y avoir une erreur, est-ce que je peux recommencer ? » C'était ça son erreur, il n'aurait pas dû être intelligent, il aurait mieux fait d'être un parfait abruti se laissant guider par la testostérone. « Recommencer le test ? » L'Altruiste le regardait avec un regard effaré sur le visage. Une expression que Rorschach ne supportait pas et qui le mettait encore plus en colère qu'il ne l'était déjà. « Oui ! » « Non, c'est impossible. » « Mais il y a une erreur ! » Les refus répétitifs auraient raison de lui, il savait bien au fond qu'il n'avait pas le droit de repasser le Test d'Aptitudes, mais il devait essayer, parce que le résultat n'était pas celui qu'il attendait. « Je suis désolé il n'y a aucune erreur, le test se base sur tes choix... Tu es encore libre de choisir une autre faction demain tu sais ? » Sortant de la salle en claquant la porte, Rorschach bouscula un élève Altruiste qui allait passer son test. « Dégage de mon chemin ! »

Le soleil pénétrait la pièce avec une intensité peu commune. Rorschach tentait d'enregistrer toutes les composantes qui avaient fait de cette maison son foyer. « C'est le grand jour. » Parmi les amis de Rorschach les conversations sur la Cérémonie du Choix avaient fusé pendant une semaine. Leurs parents étaient tous angoissés et désespérés de leurs montrer les bienfaits de leur faction afin de s'assurer un maximum de chances que leur progéniture reste près d'eux. Le père de Rorschach ? Il était excité à l'idée que son fils puisse suivre la voie qu'il avait tracé pour lui depuis sa plus tendre enfance. « Oui. » « Tu as fait ton choix ? » L'érudition de son père ne connaissait pas de limites. Il savait tout de son fils et même à quelques heures de la Cérémonie du Choix, il continuait son enquête afin d'être totalement certain que Rorschach ne ferait pas machine arrière au dernier moment. Et s'il y avait bien une chose à laquelle l'aîné des enfants Austos était doué, c'était rassurer son père. « Je l'ai fait il y a des années Papa. » Antimony entra dans la pièce. Ils ne s'étaient pas vus la veille, Rorschach ayant préféré rester enfermé dans sa chambre. Frère et sœur échangèrent un regard. Alors qu'elle se servait à boire, Rorschach passa sa main sur son épaule d'une façon protectrice. « Ton test s'est bien passé ? » Ce qu'elle allait lui manquer, elle, ses grands yeux et son cerveau beaucoup trop performant. Leur relation avait toujours été un mélange d'amour fraternel et de détachement respectueux. Si Rorschach avait été élevé dans le but d'être un Audacieux, Antimony avait reçu l'éducation la plus Érudite qui soit. D'une intelligence bien trop évidente pour son bien dans une autre faction, Antimony était une Érudite née. Rorschach la voyait grandir et devenir plus brillante chaque jour. « Je n'ai rien appris de nouveau. » Il lui mentait, c'était peut-être l'une des dernières fois qu'ils s'adressaient la parole et il lui mentait, pour ne pas blesser ses sentiments ou pour éviter une dispute. « Tu vas rester avec nous hein ? » Elle savait que ce n'était pas une question à laquelle il pouvait répondre. Tout adolescent ayant passé le Test d'Aptitudes et s'apprêtant à passer le cap de la Cérémonie du Choix était tenu au secret. « Tu verras ça tout à l'heure gamine ! » « Ne me traite pas comme une enfant ! » « Tu seras toujours un bébé pour moi Antimony. » Il l'embrassa sur le front, salua son père d'un geste de la tête et sortit de la cuisine.  Sur le chemin pour aller dans sa chambre il fit marche arrière. Juste à temps pour entendre une bride de conversation entre sa sœur et son père. Le ton dans la voix de sa sœur était tellement accusateur qu'il fut piqué à vif. « J'espère pour toi qu'il va revenir. » « Il est irrationnel d'espérer. Dans trois heures on verra le choix qu'a fait Auguro. » « Tu parles d'un choix. » Avait-il choisi ? Avait-il été conditionné ? Son Test d'Aptitudes n'était pas très réjouissant. Antimony était trop intelligente pour se tromper. Mais maintenant qu'il en était arrivé à un tel point, il ne pouvait plus rebrousser chemin et se ranger dans une vie d'Érudit.

Un an sur deux les Initiés étaient appelés par ordre alphabétique l'autre par ordre désalphabétique. Cette année, ils commençaient par la lettre A. Une chance pour certains, une pression supplémentaire pour Rorschach. Une jeune Altruiste, dont le nom ressemblait au mot Armada, fut la première appelée, sans surprise elle choisit de rester dans sa faction. Les transferts étaient toujours une source de sensation dans l'Assemblée. « Auguro Austos. » Il faillit vomir. C'était le moment. Il serra la main de sa sœur avant de se lever. Son père se pencha à son oreille. Un geste que leur public aurait pu prendre pour un moment d'intimité entre un paternel et son engeance. « Adieu fils. »

Arrivé devant les cinq vasques il savait ce qu'il allait faire. Jusqu'à ce que la Leader de sa faction, qui menait la Cérémonie cette année là, ne lui tende le couteau. Il vit dans son regard l'encouragement. Son père la connaissait, sa mère la connaissait, il la connaissait. Le fait de percevoir ce regard le déstabilisa. Penser à toutes les personnes qu'il allait décevoir et toutes celles qu'il abandonnait derrière lui le terrorisa. Et pour quoi ? Pour intégrer une bande de fous furieux accro à l'adrénaline ? Il savait que l'Initiation des Audacieux avait l'un des plus hauts taux d'échec. Et s'il se faisait renvoyer ? Il ne pouvait pas prendre le risque de passer le reste de sa vie en tant que Sans-Faction. Ce n'était pas envisageable. Alors il s'entailla la main gauche, regardant le sang couler le long de son avant-bras qu'il tenait replié. Il devait prendre une décision, ses yeux allant des charbons ardents à sa gauche à la coupe d'eau ne laissaient transparaître aucune détermination. Puis il tendit le bras au dessus de la vasque. Son choix était fait. « Audacieux. » Le ton dans la voix de l'Érudite était déconfit. Elle secoua la tête alors que Rorschach pouvait distinguer deux mouvements dans la foule, les Audacieux applaudissaient et deux d'entre eux vinrent le congratuler à deux mètres du groupe, alors que du côté des Érudits l'indignation régnait. Il jeta un dernier regard vers sa famille, sa mère le regardait sans qu'aucune expression ne transparaisse, son père jubilait et un grand sourire animait ses traits, quant à Antimony elle secouait la tête visiblement déçue qu'il ait choisi de suivre les pas dans lesquels son père l'avait toujours encouragé à marcher. Puis Rorschach se tourna vers sa nouvelle famille, sa faction, les Audacieux et il rit à une blague qu'un garçon de deux ou trois ans son aîné lui glissa à l'oreille.

Rorschach Austos
Rorschach Austos
Don't get me wrong, it's my name!
Dauntless
Role Play
Role Play
Liens:
: 23 ANS, LE BEL ÂGE
Disponibilité RP:
CharacterENREGISTRE(E) LE : 10/06/2014
ACTIONS : 665
STATUT CIVIL : Célibataire, le flirt en moins.
CREDIT : London Jukebox, la créatrice de l'avatar.

MessageSujet: Re: Rorschach ∞ I found myself in the fire burnt hills, bought my fate straight from hell Rorschach ∞ I found myself in the fire burnt hills, bought my fate straight from hell Empty16/6/2014, 03:23

Planche  ∞ 3 ∞

Assis dans l'inconfortable siège, Rorschach attendait depuis trente secondes déjà que le formateur finisse d'enregistrer les résultats du précédent Initié. Devant la seringue Rory commença à sentir un pic d'angoisse. « Qu'est-ce qu'il va se passer ? » Sa première simulation approchait. La première étape de l'Initiation consistait en deux semaines d'entraînement de l'esprit. Rorschach savait parfaitement tout ça, il avait déjà testé les piqûres à l'extrait de Cordrazine. Son père travaillait à l'élaboration des sérums. Dans son adolescence il avait dérobé des échantillons d'une version distillée et allégée du sérum générant la peur à laquelle s'exposaient les Audacieux. Afin de préparer son fils à l'Initiation et de lui faire obtenir le meilleur des résultats. Ce n'était pas tricher à ses yeux, c'était une façon de compenser l'avantage que les natifs de la faction possédaient. « Je vais te piquer avec ça. » Rorschach ne s'était pas encore habitué à l'idiotie ambiante. Sa faction d'origine mettait un point d'honneur à ce que l'on ne parle que très peu quand on n'avait rien d'intelligent à dire. Chez les Audacieux la diarrhée verbale était plus commune que la rétention d'informations inutiles. Rorschach tentait de ne pas s'énerver à chaque fois qu'on répondait à une de ses questions intelligentes de façon totalement vide de sens. Frustré, il se sentit obligé de continuer cette conversation, bien qu'elle s'annonçât franchement exaspérante. « J'avais compris ça, qu'est-ce qu'il va se passer ensuite ? » Le sourire sur les lèvres de son formateur le mit en confiance, la réponse allait être productive. Il n'y avait aucun doute. « T'es un vrai curieux toi. » Rorschach fut piqué à vif par la remarque. Depuis la veille on n'arrêtait pas de lui rappeler qu'il n'était pas un natif. Et s'il était vrai que son éducation s'était faite chez les Érudits, il avait été élevé dans le plus pur esprit Audacieux. Les réflexions déplacées consistant à le faire passer pour un handicapé en raison de sa naissance le mettaient sur les nerfs au plus haut point. Mais Rorschach ne pouvait pas frapper chaque personne qui le rabaissait, alors il devait prendre les choses avec philosophie. « J'ai grandi entouré d'Érudits certains réflexes ne disparaissent pas en un claquement de doigts. » « Ce n'était pas un reproche, juste une observation. » Rory leva les yeux au ciel. « Je n'ai toujours pas eu ma réponse. » « Je ne peux pas t'en fournir, c'est ton cerveau qui créera la simulation. » Aucune information et puis la piqûre. Il se sentit partir en arrière, sa tête percuta l'appui-tête, il se rappela une dernière fois les consignes des instructeurs. Se calmer ou vaincre sa peur pour se réveiller. L'absence d'informations précises restait à ses yeux insupportable, mais il n'avait aucun choix.

Rorschach ouvrit les yeux, l'obscurité faillit l'éblouir. Ce n'était pas spécialement inquiétant. N'était-il pas supposé affronter une de ses plus grandes peurs ? Le noir était un peu angoissant, parce qu'il forçait à se concentrer sur des sens autres que la vue. Une violente lumière fut projetée dans son dos. Pendant les cinq secondes qu'avaient duré sa réflexion il n'avait pas remarqué qu'il était attaché au niveau des poignets et des pieds. En face de lui se tenaient une quinzaine d'ombres alignées. Sur le plafond un projecteur éclaira les deux hommes dans le fond. Soren Haynes du haut de ses presque deux mètres se tenait un pas devant Ezekiel Crane, son bras droit et chef du groupe d'élite des Audacieux. Soren leva le bras gauche et sortit de la salle. La panique commençait à se manifester et quand Ezekiel fit un pas dans la lumière, son regard était noir. « NIGHTINGALES EN JOUE ! » En joue ? Quoi ? « ARRÊTEZ JE N'AI RIEN FAIT ! » « Il a tué trois de vos amis en les poussant du haut du Canyon. » Son cerveau ne fonctionnait plus. En réponse à la peur, l'habituelle rage s'empara de son corps et il se mit à hurler à la mort. « VOUS ÊTES COMPLÈTEMENT CONS OU QUOI ?! VOUS VOYEZ PAS QU'IL MENT ? » Les armes pointaient vers lui brillaient d'un éclat grisâtre encore plus angoissant. « On va peut-être le torturer pour lui sortir les vers du nez après tout. » Ce n'était pas possible. Il fallait qu'il se calme. C'était une simulation. Il devait calmer son poux, fermer les yeux. Oui c'était ça, il devait retenir sa respiration. Au lieu de ça il ne put s'empêcher de s'époumoner. « Non ! Non ! NON ! ARRÊTEZ ! »  Il ferma les yeux, serrant les paupières aussi fort que possible tout en retenant sa respiration. La douleur le déchira de toutes parts, ses côtes brûlèrent, ses jambes flanchèrent et finalement il sentit son crâne imploser sous l'impact des balles.

Il se réveilla en hurlant. La peur ne retombait pas. Il avait pourtant fait ça avant, mais c'était bien plus facile quand son père le piquait avec une petite dose et que les seules peurs que Rorschach devait affronter sa phobie des insectes ou même celle des microbes. « OH PUTAIN DE MERDE ! » « Calme-toi Rorschach, c'est fini ! » Le coup de poing vint percuter l'épaule musculeuse du formateur. « Désolé. » « T'inquiètes pas, ce n'est pas la première fois que j'ai le droit à cette réaction. » La conversation fusait et Rory ne pouvait pas s'empêcher de parler. Il se calmait petit à petit en continuant de débiter des mots, qu'ils fussent sensés ou non. « Qu'est-ce que cela signifie ? » En bon ancien Érudit qu'il était, Rorschach voulait une réponse, une explication pour évoluer plus vite et finir premier de sa première phase d'Initiation. « Je ne sais pas exactement. » Évidemment, l'abruti Audacieux n'avait pas de réponse, une fois de plus. « Comment ça ? » « Ce n'était qu'une interprétation. » Pouvait-il être plus vague ? N'avait-il pas le droit de fournir de réponse précise et ne savait pas comment se débarrasser de l'Initié trop curieux qu'était Rorschach ? « De quoi ? » « De ta peur d'être confronté à une mort violente je suppose. » Le couperet venait de tomber. Il avait peur de mourir. Ce n'était pas franchement surprenant, mais vivre la situation en temps réel donnait un tout nouveau sens au mot terreur.
Planche ∞ 9 ∞

Il marchait au côté de son formateur. La fin de l'Initiation approchait et Rorschach avait fini à la deuxième place des Transferts lors de l'étape du passage du mur de peurs. Et cela en dépit du fait qu'il avait plus de peurs à vaincre que plusieurs de ses camarades issus de factions étrangères aux Audacieux. Le combat au corps à corps, qui constituait la deuxième et avant-dernière partie de l'Initiation avait été la partie la plus facile. Son niveau était largement supérieur à celui des autres Transferts et il avait même pu battre certains Natifs. Son agilité lui avait permis de s'adapter rapidement aux déplacements dans la Ville auxquels on les entraînait. La partie concernant les armes à feu avait été à la fois un plaisir et une crainte. Détenir autant de pouvoir entre ses mains lui paraissait insensé, il aurait pu tuer quelqu'un par inadvertance. Mais en s'appliquant bien et en concentrant son angoisse dans un seul tir il s'était distingué par une habilité à toucher des cibles à longue distance. Durant ces quatre semaines il avait appris à connaître de nombreux membres de la communauté et aujourd'hui l'un d'entre eux manquait à l'appel. « Où est passé le vieux Gary ? » Le bonhomme était un des premiers à l'avoir félicité. En dépit de son âge avancé il avait eu un fils la même année que Rorschach, un fils qui avait choisi de quitter sa faction pour intégrer celle des Érudits. De ce fait il avait pris Rory en affection et l'avait accueilli avec chaleur et respect, conscient que pour un ancien Érudit, les familiarités audacieuses pouvaient paraître un peu extravagantes et envahissantes. « Il n'était plus en mesure d'assumer ses patrouilles. » Rorschach détestait cette façon dont parlaient certains Audacieux, soit en disant toujours trop soit jamais assez. Pour lui aller droit au but demeurait encore un réflexe. « Et ? » « Et du coup il n'est plus des nôtres. » La douche froide rinça sa curiosité. Pas assez pour refréner la prochaine question. Parce que même s'il était un Audacieux à présent il restait malgré tout curieux de nature. Après tout la curiosité n'était pas un trait uniquement Érudit, ces derniers la poussaient juste à son paroxysme. « Tu veux dire qu'il est Sans-Faction ? » « Ouais. » Il prit une nouvelle claque, apprenant que l'une des rares personnes qui n'avaient montré aucune retenue, aucune gêne envers lui et sa façon de parler était maintenant considérée comme un potentiel danger à surveiller lors des patrouilles. « Mais pourquoi ? » C'était plus fort que lui, Rorschach ne pouvait pas se contenter d'une réponse à moitié satisfaisante, il fallait qu'il puisse expliquer cette disparition à Gengar s'il la notait ou la lui signifier si elle échappait à sa vigilance. « Parce qu'il était trop vieux pour faire son devoir. » Ce n'était qu'un tas de conneries ! « On aurait pu s'occu... » Avant qu'il ne puisse terminer sa phrase son instructeur se planta devant lui le regardant droit dans les yeux malgré leurs dix centimètres de différence. « Rorschach, c'est pas comme ça que les choses fonctionnent ici, ça marchait peut-être comme ça dans ton ancienne faction mais... » Après la douche froide et la gifle venait maintenant la brûlure de la honte. Non seulement on ne considérait pas encore qu'il était totalement un Audacieux, mais en plus de cela on justifiait toutes ses actions selon les valeurs de son ancienne faction. La honte vint de paire avec la crainte de se faire rejeter par sa famille d'élection. Et comme toujours lorsque la crainte se manifestait il passa d'un calme curieux à une colère tumultueuse. « Ne me parle pas comme tu parlerais à un Érudit. Je n'en suis plus un, ce n'est pas une question d'à quelle faction j'ai appartenu dans le passé. Je trouve ça injuste. » « Les vieux se font jeter de la faction quand ils sont trop âgés pour travailler, c'est ainsi, tu ferais bien de t'y faire, c'est ce qui nous attend tous. » Cette révélation lui fit l'effet d'un coup de massue. Il venait de réaliser qu'en ces lieux personne n'était indispensable, en dehors du leader peut-être. Comme il n'avait jamais eu pour habitude de tenir sa langue lorsqu'il avait réellement quelque chose sur le cœur, même si cela allait à l'encontre des enseignements de ses parents, Rory ne put retenir un commentaire. « Waouh... ce n'est pas très réjouissant comme perspective d'avenir. » « Si ça peut te consoler certains préfèrent se suicider plutôt que de vivre dans les rues. » Le suicide ou la vie dans les rues, le travail dans les usines... En un sens c'était compréhensible, mais la peur panique qu'il avait de mourir, surtout d'une mort violente, l'aurait empêché de se suicider. Cette pensée déclencha en lui une sonnette d'alarme. S'il n'était pas capable de se suicider, vieillir et mourir dans la rue serait sa seule option. « Il avait quel âge le vieux Gary ? » « J'en sais rien, soixante ans ? » Une approximation qui valait mieux que rien. Il n'en revenait pas d'avoir passé plusieurs heures à converser avec ce type que l'on considérait ici comme un vieillard sans jamais avoir pris la peine de le questionner sur son âge. Soixante ans, cela lui laissait plus de quarante années à vivre parmi les Audacieux. « Chez les Érudits on ne peut plus être Leader après cinquante-cinq ans, mais il y a des professeurs d'Université qui meurent pratiquement en donnant leur cours ! » Il réalisa au moment où il conclut sa phrase qu'il n'aurait jamais dû la prononcer. Parce qu'elle mettait en relief les inégalités et divergences entre sa faction d'origine et sa faction d'élection. Une chose qu'aucun membre de faction ne souhaitait entendre. « Rorschach... » Le ton dans sa voix était un avertissement. Jorgen était plus tolérant que les autres formateurs, parce qu'il avait l'habitude des Transferts et qu'il en avait été un aussi. Malgré toutes les questions il n'avait jamais voulu dire dans quelle faction il avait grandi. Et personne chez les Audacieux ne souhaitait en parler. Une fois que vous aviez passé l'Initiation, vous étiez un Audacieux au même titre qu'un Natif. « Je sais, je ne devrais pas parler comme ça de mon ancienne faction... c'est juste que ça me tue de penser qu'on a mis un vieux à la porte sans autre forme de procès. » Ils finirent leur route avant de se séparer, Rory jeta un dernier coup d'oeil à l'endroit où le vieux Gary passait le plus clair de son temps. La réalité revenait le frapper en plein visage, un jour il serait probablement celui qu'on mettrait à la porte. Il ne devait pas l'oublier, même si cette pensée le terrorisait pour l'instant, il devait apprendre à vivre dans le présent, sans s'inquiéter pour un avenir qui pourrait ne jamais venir.
Planche ∞ 6 ∞

Allongé sur son lit Rorschach caressait les cheveux de celle qui se faisait appeler sa petite-amie. Marika-Jean et lui n'étaient pas réellement dans une relation amoureuse à proprement dite. En fait l'Audacieuse qu'il avait rencontré à durant leur Initiation était éperdue pour lui. Rorschach en revanche n'était rien d'autre qu'un garçon tentant de faire comme les autres... sans grand succès malgré ses efforts les plus désespérés. « Allez raconte-moi ta journée ! » C'était toujours la même conversation insensée. Elle ne menait en rien puisque Rorschach finissait inévitablement par se fermer comme huître. « Qu'est ce que tu veux que je te dise ? » Sa question était ni plus ni moins qu'une marque de franchise. Il ne savait pas de quoi parler avec elle, allongé sur son lit à lui caresser les cheveux, lui qui pouvait se montrer si volubile en bonne compagnie n'avait en tête qu'une chose : la faire partir. Elle était une de ses amies les plus proches, mais ce n'était pas ce genre de relation qui l'intéressait, elle voulait plus et plus était une chose que Rorschach n'était pas disposé à lui offrir. « J'en sais rien, qu'est ce que tu as fait de cool ? » Parfois il en venait même à se demander pourquoi ils étaient amis, sa conversation était tout bonnement barbante. « C'était juste une journée de formation comme les autres. » Rory espéra une seconde que cette explication suffirait à mettre un terme à une discussion plus que navrante et pourtant il n'en fut rien, parce que Marika-Jean était une véritable Audacieuse, de celles qui n'en finissaient pas de parler malgré toutes les indications contraires de l'autre conversant. « T'es pas bavard aujourd'hui... » Il sourit une seconde à la réflexion mentale qu'il s'était faite. Mais au lieu de lancer une remarque vainement méchante, il préféra répondre, tout simplement. En mentant. Comme toujours. « Je suis fatigué. » S'il avait eu un peu plus à cœur de briser son amitié avec la demoiselle il lui aurait demandé de dégager sans autre forme de procès, mais il se surprenait à tenter d'épargner ses sentiments. « T'es incapable de mentir correctement. » Il avait toujours été excellent dans l'art du mensonge mais apparemment pas aux yeux de Marika. « Je ne mens pas ! » Si. Mais il refuserait de l'avouer. « Rorschach... je vois bien la façon dont tu me regardes. » Ah ! Finalement la discussion s'annonçait peut-être plus intéressante que prévue. « La façon dont je te regarde ?! » « T'es pas fatigué, t'es juste en train de te demander comment faire en sorte qu'on saute directement à la partie intéressante de la soirée. » La jeune fille s'était manifestement méprise sur ses intentions. Et elle venait de se redresser, se retrouvant à moitié assise sur le lit, ses yeux plongés dans ceux de Rorschach. C'est sans prévenir qu'elle retira son tee-shirt, mettant en avant ses goûts en matière de lingerie. La jeune fille la préférait inexistante et par inexistante il ne fallait pas comprendre minimaliste, mais réellement inexistante. Elle y allait commando. « M-J qu'est-ce que tu fais ? » Rory n'était pas réellement curieux, la raison lui semblait plutôt logique. La conclusion était même évidente mais il n'arrivait pas à trouver une bonne raison  qui reliait son manque de loquacité au retrait d'un tee-shirt. « Je te facilite la tâche. » Cette fille était une lunatique, une nymphomane dans le meilleur des cas. « Quelle tâche ? » « Allez Rory, tu m'as pas invitée pour qu'on discute... ton petit plan est assez facile à comprendre. » Il se redressa et adossa au mur. Rorschach devait absolument tirer au clair cette situation délicate. Tout en ménageant les sentiments de Marika, bien qu'il trouvât difficile de se concentrer avec une poitrine opulente qui le dévisageait. « Euh... M-J tu veux pas remettre ton tee-shirt ? » « Et toi tu veux pas qu'on retire le tien ? » Il faillit s'étouffer en entendant la proposition de son amie. Elle n'était vraiment pas capable de comprendre les signes avant-coureurs d'un refus ? Le fait qu'il reculât à l'autre bout du lit au moment où elle avait retiré son haut n'était pas un symbole suffisamment fort pour elle ? « J'y tiens pas vraiment non. » Marika émit un petit rire très distinctif. Un rire qui n'était pas seulement amusé, mais un peu moqueur. Un rire qui déclencha un pic de colère dans son système, un rappel constant de l'humiliation qu'il avait subite dans le passé. « Est-ce que c'est ta première fois ? » C'était quoi cette question complètement floue ? Était-il supposé répondre sans savoir de quoi il était question ? « Ma première fois que ? » « Que tu vas coucher avec une fille ! » Rorschach ne put s'empêcher de hurler alors qu'il aurait voulu chuchoter. « QUOI ? » Son cri passa plus pour de l'indignation que pour de la surprise face à l'idée stupide de son amie. « J'y crois pas ! T'es vraiment puceau ! » Maintenant il était indigné. « Je... QUOI ? » « UN PUCEAU ! Il fallait que je tombe sur un puceau ! » Voilà que c'était elle qui jouait la carte de la fille choquée. Ce n'était pas lui qui la questionnait sur sa vie sexuelle. « Tu veux bien arrêter de répéter ça comme une insulte ? » Il était passé de l'indignation à la colère froide qui pouvait rapidement virer à la violence.  Rorschach avait trouvé cruel de frapper sur une fille pendant l'Initiation, mais depuis qu'il était mis devant Marika nue, il envisageait la possibilité de la faire taire par un bon coup de poing de plus en plus sérieusement. « Je comprends pas ! Rorschach t'es canon, t'es intelligent... bon t'es pas le plus drôle des mecs que j'ai connus, mais quand même ! VIERGE ? » Elle ne savait pas où elle mettait les pieds en le provoquant. « OUAIS ! VIERGE ! PUCEAU ! CHASTE ! PAS ENCORE DEFLEURÉ ! C'est bon là je crois qu'on a compris ! » La violence menaçait de pointer son nez. « T'énerves pas, j'arrive juste pas à y croire. » Lui ordonner de ne pas s'énerver était la dernière chose à faire dans ce genre de situation, mais apparemment elle ne l'avait pas encore compris. « On peut remédier à ça tout de suite si tu veux ! » Qu'avait-il ? Non ces mots n'étaient pas sortis de sa bouche. « Ah ouais ? Tu te sens prêt ? » Maintenant qu'il avait trop parlé il ne pouvait pas revenir sur ses mots. « Je vais te montrer ! »

« Non. Non, non, non, non ! Je peux vraiment pas faire ça. »  Alors que sa main droite avait commencé à baisser le short bien trop court de Marika, elle s'était immobilisée. Son cerveau avait fait le lien entre ce qu'il faisait et ce qui l'attendait s'il franchissait ce cap. « Tu peux vraiment pas faire quoi ? » Putain ne pouvait-elle donc pas se taire ? « Ça ! » Il pointait maintenant ses deux mains en direction du short.« Tu veux dire coucher avec moi ? » Leur amitié était finie, c'était décidé. Rorschach ne pouvait pas être ami avec une fille aussi conne. « Non ! » « Quoi alors ? » Conne et obtuse. Voilà qui faisait une belle paire d'adjectifs. « Te voir nue ! Te toucher ! » La simple idée de s'approcher, manuellement ou sexuellement des parties intimes de Marika lui donnait envie de vomir. La suite des événements fut aussi surprenante pour lui que pour elle. « Ô MON DIEU ! T'es gay ! »  Gay ? Lui ? Elle l'avait vu ? « QUOI ? NON ! » « SI ! » Elle se tenait le ventre tellement elle riait. Et le moins qu'il puisse être dit, était que Rorschach ne trouvait pas l'accusation amusante. Il faillit lui foutre une gifle pour la ramener sur terre mais il figura par lui même que ce n'était pas la meilleure idée qui soit. « Marika, ça ne me fait pas rire. »   « Rorschach, c'est pas grave, t'as le droit d'être gay ! J'aurais préféré que ça ne soit pas grâce à moi que tu le découvres, mais au moins maintenant on sait pourquoi tu ne veux pas qu'on couche ensemble. » « Je ne suis pas homo Marika ! » Il n'était pas gay. Il avait une préférence pour les hommes dans la quasi-totalité des domaines de vie et des situations, mais il n'était pas homosexuel. « Si tu le dis... » « Marika je t'assure que je ne suis pas gay ! Jamais eu de relation avec un gars, jamais eu envie de coucher avec un gars, jamais eu envie de coucher avec personne ! C'est tout ! » Il n'était pas gay, il n'était rien. Il n'avait pas envie de toucher un homme mais l'idée ne déclenchait pas chez lui des sueurs froides, contrairement à celle de s'aventurer plus loin qu'un baiser chaste en soirée avec une femme. « C'est tout ? T'as juste envie de coucher avec personne ? » Elle était un peu lente à comprendre le message « C'est ça. » « Wow... je ferais mieux de remettre mon tee-shirt et te laisser seul alors. » D'un seul coup le départ de Marika lui semblait une rupture. La rupture d'une relation qu'ils n'avaient jamais entretenu et que lui n'avait jamais voulue. Mais c'était aussi le symbole de la fin de leur amitié, ce qui le blessait profondément, malgré tout le mal qu'il pouvait penser d'elle. « T'es pas obligée de partir, mais j'apprécierais que tu remettes ton tee-shirt oui. » « Rorschach, je pensais vraiment que j'arriverais à retirer le balais que tu as bien enfoncé dans ton petit cul. Je peux pas, je vais trouver quelqu'un d'un peu moins coincé. Mais ne t'inquiètes pas, je ne dirais rien de cette conversation à personne. » Elle ferma la porte. Rory était soulagé il devait bien l'admettre. Soulagé qu'elle garde le secret sur cette situation déplaisante dans un premier temps, mais surtout soulagé de ne plus avoir ces seins volumineux sous le nez. « Gay... non mais j'te jure. » Il n'était pas gay, n'est ce pas ? Non, ou alors un gay avec une libido si inexistante qu'il ne méritait pas d'être appelé par le nom.  Cinq minutes plus tard il dormait, enfin débarrassé de la présence féminine oppressante.
Planche ∞ 1 ∞

Assis à une table à part les deux Nightingales finissaient leur repas. En général lorsqu'ils n'étaient pas seuls les autres Audacieux n'osaient pas trop les approcher et ça pour la simple et bonne raison qu'ils intimidaient une partie des membres de leur faction. Une fois à part un Nightingale pouvait plus facilement converser avec des simples patrouilleurs. Rorschach ne se sentait pas nécessairement supérieur aux autres mais il restait convaincu de faire partie d'une élite plus qualifiée que le reste de sa faction. Avalant une autre bouchée de son plat, Rorschach remarqua que Gengar avait fini. Il mangeait lentement, la plupart du temps parce que la discussion le distrayait de son assiette. « Tu veux que je reste avec toi ou je peux te laisser finir ton repas seul ? » Bien que l'idée de rester seul à table n'était pas la plus réjouissante qui soit Rorschach n'avait aucun problème à terminer un plat sans compagnie. Il savait bien qu'attendre qu'il finisse de manger pouvait être particulièrement éreintant, surtout quand on entretenait la conversation, aussi il comprenait que Gengar puisse être pressé de retourner dans ses appartements. « Ouais, je vais prendre mon temps, tu peux y aller. » Sa fourchette s'enfonça dans la mixture qui avait depuis largement refroidi. Il lança un sourire forcé à son ami, ce dernier n'était pas encore sorti du réfectoire qu'un petit groupe de patrouilleurs avança vers la table. « On peut s'asseoir avec toi ? » Levant les yeux de son assiette, et arrêtant dans le même temps de jouer avec sa nourriture, Rory les jugea du regard une seconde. « Si vous voulez, j'ai bientôt fini de toute façon. » Ce n'était pas tout à fait vrai, il aurait pu rester assis une heure encore à prendre une bouchée de temps à autre, à la mâcher jusqu'à ce qu'elle soit presque liquide avant de l'avaler. « T'as vu le dernier scoop dans l'AXIOM NEWS? » Il lâcha sa fourchette dans son assiette. Ses mâchoires crispées il ne put formuler qu'un mot. « Non. » Chaque fois qu'on lui parlait de la presse il prenait des gants, mais quand on l'interrogeait de façon spécifique sur les activités de sa faction d'origine, Rory passait sur la défensive spontanément. Il n'était là que depuis un an et les remarques sur son ancienne faction commençaient seulement à se raréfier. « Rorschach pourquoi tu lis pas plus ? » Il rit un peu. Le dernier assis l'ignorait mais Rorschach lisait sur sa tablette numérique la totalité de chaque parution de chaque journal. Il lisait aussi à l'occasion des livres écrits par les Fraternels, des romans comme ils appelaient ça, et consultait régulièrement les différentes bibliothèques virtuelles de la Cité. Il ne s'était pas encore résigné à renoncer à une culture autre que celle purement Audacieuse, même s'il s'était parfaitement intégré. Mais Rorschach savait parfaitement qu'il ne pouvait pas le clamer haut et fort alors il dit ce qui semblait le plus proche de la vérité. « Parce que ce que les Érudits écrivent n'est qu'un tissu de mensonges. » Il ne leur faisait plus confiance, il avait trop vu la réalité de la Ville la nuit pour ne pas voir en l'exagération typique d'un journaliste de propagande un choix d'angle inexact. Il trouvait ça ironique que certains journalistes Érudits puissent accepter de ne pas dire la vérité. Pour lui la recherche de la vérité des Sincères les mettaient dans le meilleur camp. Les Érudits voyaient toujours plus loin que la simple vérité factuelle, ils cherchaient la vérité scientifique et étaient prêts à mentir pour servir leurs intérêts. Il vit de loin la remarque arriver, certains natifs se plaisaient encore à essayer de le rabaisser à cause de la faction dont il était originaire, et cela même s'ils étaient moins hautement gradés que lui. « C'est pas parce que t'es un ancien... » Il frappa sur la table, le poing serré. Rorschach ne supportait plus qu'on lui parle sur un ton différent des autres juste parce qu'il était un ancien Érudit. Maintenant, il était un Audacieux et un Nightingale. Il avait un peu moins de dix-neuf ans et il était déjà plus fort que la plupart d'entre eux, et certainement plus intelligent aussi. « Je te déconseille fortement de finir cette phrase Tigar. Je suis un Audacieux et seulement un Audacieux. Et la dernière fois que j'ai vérifié, j'en étais même un plus doué que toi. » La remarque sembla provoquer l'effet escompté quand le Tigar en question pencha la tête vers son assiette en signe de reddition. Mais personne ne restait silencieux bien longtemps dans la faction des gardiens, on ne tenait pas sa langue en signe de respect et de compréhension. Non, on comblait le silence par des discussions qui n'avaient pas toujours de sens. « T'es toujours aussi enragé Rorsch' ? » De nouveau il frappa sur la table, avec plus de violence encore. Ce n'était pas en méprisant son prénom que l'autre abruti allait gagner face à lui. Non, tout ce qu'il allait récolter c'était un séjour à l'infirmerie s'il continuait à le provoquer. « M'appelles pas comme ça. Si t'es pas capable de prononcer mon prénom, tu la boucles. » La menace fit son effet et un autre occupant de la table prit la parole pour apaiser la situation. Rory lui décida de rester mué jusqu'à ce qu'il ait fini son assiette. Ouvrir la bouche revenait à courir le risque de fracasser un crâne contre la table. « Je crois qu'on a compris que tu n'étais pas fan de la liberté de la presse. Et toi Niko tu l'as lu ? » Abrutis... ils étaient tous idiots et aveugles, trop stupides pour voir au-delà de ce qu'on leur montrait. Mais il n'aurait pas dû leur en vouloir, aucun d'eux n'avait reçu une éducation extra-scolaire digne de ce nom et aucun n'avait la curiosité d'apprendre plus chaque jour. « Oui, ces cons de Sans-Factions ont eu de la chance d'attaquer cette fille pendant qu'aucun Audacieux n'était dans le coin. » L'embrigadement idéologique était une chose dangereuse car subtile. Les gens finissaient par croire que leur opinion n'était influencée par aucune autre et qu'ils étaient maîtres de leur propres pensées. Rorschach avait sa petite idée sur les événements récents et le moins que l'on puisse dire, c'était qu'il restait sceptique quant aux récits dépeints par les Érudits. « Ils perdent la tête, c'est pas normal. » Il sourit en mâchant une autre bouchée de son plat maintenant totalement froid. Bien sûr que les Sans-Factions perdaient la tête, ils étaient traités comme des sous-hommes. Et si Rory tentait de montrer un peu de compassion c'est parce qu'il savait qu'un jour futur il serait probablement amené à vivre dans les rues comme ça avait été le cas du vieux Gary. « Parfois je me dis qu'il vaudrait mieux éliminer les Sans-Factions plutôt que de les entretenir. » Voilà une idée purement Érudite songea Rorschach. Éliminer la menace, ne pas considérer les êtres vivants comme importants seulement parce qu'ils n'ont pas d'utilité aussi clairement définie que les membres des factions officielles. Le jeune Nightingale devait bien avouer que ce genre de propos le répugnait un peu, bien que sur un plan rationnel il pût comprendre d'où venaient ces idées. « Tu crois que c'est ce que les Érudits diraient ? » « S'ils sont aussi malins qu'ils le prétendent, c'est ce qu'ils devraient dire. » Encore une fois Rory sourit. Ils ne réalisaient pas que ce n'était pas ce que les Érudits devraient dire, c'était déjà ce qu'ils faisaient penser sans exprimer clairement une opinion aussi drastique. Parce qu'ils avaient le contrôle d'un des deux journaux de la Ville et parce que les dirigeants de ce torchon étaient très intelligents, aucun propos qui, aux yeux d'un Altruiste, semblait trop engagé n'était publié. Mais ayant grandi parmi eux, Rorschach pouvait voir les messages dans les lignes éditoriales et entendre des Audacieux croire qu'ils avaient tout compris avant les gens qui leur avaient mis les idées dans le crâne restait assez effrayant. « Pourquoi ? » « Parce que les Sans-Fac' sont de plus en plus chiants à encadrer ! Vous voyez bien pendant les rondes comment ils nous provoquent ! » Acculés, affamés, sales... Rory ne pouvait pas imaginer vivre comme un Sans-Faction. Il pouvait comprendre que les membres rejetés des autres factions soient en colère mais il entendait surtout la détresse des gens qui n'avaient connu que ça. Et pourtant, il les faisait taire pendant ses rondes. Ce n'était pas son rôle de s'occuper d'eux. Les protéger, oui, protéger les autres d'eux, aussi, mais prendre soin des gens et les dorloter n'était pas dans les attributions qui venaient avec son job. « T'as raison et puis si on les éliminait tout de suite ou si on les jetait hors de la ville ils nous piqueraient pas notre bouffe. » C'en était assez, leur bêtise n'était plus supportable. Il était terrifiant de voir comment des gens tout à fait sains d'esprit pouvaient rapidement disjoncter seulement parce qu'une bande d'Érudits mettait en lumière les exactions commises par une minorité de Sans-Factions. Ce n'était que de la manipulation, de la manipulation sur des esprits faibles et c'était déjà bien plus que Rorschach ne pouvait en supporter. « Vous êtes complètement cons. » Il s'était levé en disant ces mots, le regard noir et la mâchoire crispée. Aucun d'eux ne répondit, aucun d'eux ne pipa mot jusqu'à ce qu'il eut fermé la porte du réfectoire.

Contenu sponsorisé
Don't get me wrong, it's my name!
Role Play
Character

MessageSujet: Re: Rorschach ∞ I found myself in the fire burnt hills, bought my fate straight from hell Rorschach ∞ I found myself in the fire burnt hills, bought my fate straight from hell Empty

Rorschach ∞ I found myself in the fire burnt hills, bought my fate straight from hell

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
POO :: FACTION BEFORE BLOOD :: Cérémonie du Choix :: Présentations validées-