Le blanc, le noir ; le rouge, l’espoir. Il y a des couleurs comme ça qui parlent et qu’on entend. Le blanc et le noir, le tout et le rien, la vérité et le mensonge, ce sont mes couleurs. Celles que je porte depuis si longtemps qu’elles collent à ma peau et que je ne pourrai pas les enlever, même si j’en avais envie. Je lève la main droite et je jure. Je jure de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.

Sincère de père en fils, de mère en fille ; c’est l’histoire de la famille Doherty. Le transfert ne fait pas partie de notre vocabulaire et nous en sommes fiers. Bien sûr, il s’agit d’une croyance familiale. Bien sûr, personne ne sait si l’un de nos ancêtres a appartenu à une autre faction. Ce que nous savons, cependant, c’est que depuis quatre générations, aucun de nous n’a quitté nos rangs. Aucun de nous ne l’a seulement voulu. La sincérité coule dans nos veines et je ne pourrai imaginer la chose autrement.

Je suis née à la tête d’une fratrie de trois enfants, en l’an 2253 peu avant qu’Anthea Blake ne quitte les Altruistes pour notre faction. Mon enfance n’est que peu passionnante. Dès lors que j’ai su comprendre le langage, dès lors que j’ai su parler, j’ai appris que le mensonge, la tromperie ne devaient pas exister. Mentir est un exercice auquel je n’ai jamais excellé parce qu’il n’a aucun sens à mes yeux. La vérité ne blesse que les menteurs, les trompeurs, alors autant ne pas mentir. Celui qui connaît la vérité détient le pouvoir. Mais je n’ai jamais voulu le pouvoir, je préfère le laisser à ceux de ma faction qui sont bien plus à l’aise dans l’élocution. Telle Anthea Blake. Je n’ai toujours eu qu’une seule envie, qu’un seul désir : que les menteurs soient percés à jour, que les mensonges soient découverts, que la vérité prévale. Mon père, avocat, rêvait que je suive sa voie. J’aurai pu. Je ne l’ai pas voulu.

En tant que fille aînée, j’ai aidé mes parents à élever mes frères. Je les ai aidés à leur apprendre à ne pas mentir, à toujours dire la vérité, même lorsque le mensonge paraît plus simple. J’ai aimé prendre ce rôle de mentor, d’instructeur, de guide. J’étais si petite que je le prenais comme un jeu. J’étais jeune, gamine, pas plus haute que trois pommes, mais j’étais déjà parfaitement rôdée. Mes parents m’avaient inculqué leurs idéaux à la perfection et je ne pouvais que les transmettre aux plus jeunes. Cela veut-il dire que j’ai été une enfant sage ? Une adolescente obéissante ? Non.

Selon mes parents, j’étais une terreur. Selon moi, j’étais simplement adolescente.

Mon adolescence n’est pas plus intéressante que mon enfance. Si ce n’est que j’ai réalisé à cette période qu’être sincère était bien plus difficile qu’il n’y paraissait. Être fier de ce qu’on est n’est pas aisé quand on voit et subit les changements du corps et de l’esprit. Ne pas avoir honte est impossible, lorsqu’on ne comprend pas qui l’on est. Etre qui l’on est, est difficile lorsqu’on ne le sait pas encore. « Soyez vous-mêmes » nous répétaient sans cesses nos parents. Je voyais leur regard sur ma silhouette, je voyais leur compassion pour tous les tourments que je traversais et je détestais ça.

A l’école, je poussais les Erudits à bout à chaque fois que j’ouvrais la bouche. Je n’ai jamais su mentir de ma vie, mais j’ai passé mon adolescence à le faire. A me dire que si je mentais sur ce petit bout de moi, alors le mensonge deviendrait réalité, vérité. Ce mensonge m’a collé à la peau pendant si longtemps, que j’ai cru qu’il me détruirait. Je n’ai pas été sincère, je ne me suis pas acceptée. C’est quelque chose qui, lorsque j’y repense, me fait avoir honte. Une Sincère qui ne s’accepte pas ne mérite pas de porter ces couleurs. C’est d’autant plus affligeant que je sais, et je le savais déjà à l’époque, que les Sincères sont tolérants à notre égard. « Notre ». Voyez comme s’accepter fait du bien. Je parle des homosexuels bien entendu.

Il a fallu que ma petite-amie me quitte pour les Fraternels pour que je réalise ma stupidité.
Elle est passée la première à la Cérémonie. Premier nom, premier choix, premier transfert. L’effet douche froide a été immédiat et même si bon nombre d’autres initiés sont passés entre elle et moi, lorsqu’est venu mon tour, je tremblais encore. Saigner au-dessus du verre de ma faction de naissance a été plus difficile que je ne le pensais. Non pas parce que j’hésitais sur mon appartenance à la seule faction que j’avais toujours connue, mais parce que mon pauvre cœur brisé n’arrivait pas à comprendre ce qu’il venait de se passer. Parce que je niais encore l’inévitable. Deux ans secrets, deux ans gâchés, deux ans effacés d’un simple revers de la main. Lorsque j’ai croisé son regard, peu avant de quitter l’Union Tower, j’ai eu cette soudaine envie de l’étrangler, de lui cracher toutes ses vérités à la gueule, de la voir souffrir comme elle était en train de me faire souffrir, mais je suis restée dans les rangs. Dans mes rangs. Les rangs d’une faction qui me traiterait bien mieux qu’elleLes rangs d’une faction qui me traiterait bien mieux qu’elle et j’ai laissé le temps faire son œuvre. J’espère sincèrement que cette nouvelle faction fait son bonheur.

Tout s’est tellement précipité à partir de cet instant, que je n’en ai qu’un souvenir fracturé. Il me manque des éléments et je ne saurai pas dire pourquoi. Peut-être est-ce le stress intense auquel nous avons été confrontés. Peut-être sont-ce les émotions trop importantes qui m’ont épuisée plus que les étapes en elle-même ? Je ne saurai le dire. Je n’en ai pas vraiment un grand intérêt pour être honnête. Seul m’importe le résultat final.

La première étape s’est déroulée sans encombre. Elle est simple en théorie et demande davantage un sens d’observation et de réflexion que d’acte de sincérité de notre part. C’est l’étape que j’ai le plus aimé. Regarder l’autre, le dévisager, l’inspecter de la tête aux pieds et visionner sans cesse ce même discours jusqu’à en connaître les moindres mots, la moindre intonation jusqu’à trouver le moment qui m’intéresse, celui qui brise l’illusion et qui me rend folle de joie … tout ça est une passion. Tout ça est mon rêve. C’est ce jour-là que j’ai décidé d’en faire mon métier, parce qu’il n’y avait aucun doute dans ma tête que je réussirai cette initiation et que je rejoindrai officiellement les rangs Sincères à la fin de cette période.

C’est la deuxième étape qui, si je me souviens bien, a été la plus compliquée, la plus difficile, la plus déchirante. Faction before blood. Le meilleur ami de mon père était de ceux qui devaient me dire mes quatre vérités. Ma grand-mère également. La famille ne compte pas dans ces instants. La famille n’est plus censée compter dès lors que nous avons choisi. Je pensais être habituée à entendre la vérité tout comme j’étais habituée à la dire. J’avais tort. Le secret que je pensais avoir caché, les mensonges que j’avais proférés dans ma jeunesse venaient joyeusement me botter le cul et je ne pouvais que serrer les mâchoires et encaisser. Je me souviens qu’uns par un, je les avais regardés droit dans les yeux et j’avais écouté. Je crois que je tremblais. Ils le savaient aussi, ça se voyait et lorsqu’ils l’ont pointé du doigt, j’ai souri. S’accepter tel que l’on est malgré le regard des autres. Accepter le jugement, accepter l’opinion d’un autre, c’est tellement plus facile à dire qu’à faire. Je suis sortie de cette étape plus grande, plus forte. Epuisée, mais tellement fière. Je me souviens de la sensation de légèreté et de soulagement qui m’a pris en sortant, bien plus que je ne me souviens de ce qui a été dit, mais ça me suffit.

A la dernière étape, il ne me restait plus qu’à avouer et même si la nervosité m’a donné la nausée, le sérum m’a grandement aidé. A chaque question répondue, je trouvais un petit peu plus de force, jusqu’à ce que finalement les mots sortent de ma bouche. Le secret n’en avait jamais vraiment été un, mais il l’avait été pour moi, tout comme les ressentiments que j’éprouvais à l’égard de mon ex et il me semble que c’est bien là les seules choses qui aient réellement marqué la fin de mon initiation. Moi qui n’avais jamais su mentir n’avais plus aucun mensonge à avouer et rectifier.

Je n’avais jamais douté de mon succès à l’initiation, mais finir deuxième a tout de même été une déception immense. Aujourd’hui, j’en suis fière, parce que je sais que, passé un temps, ce rang ne veut plus rien dire. Je n’ai que faire d’intégrer l’élite de ma faction après tout, mais surtout, ce n’est pas le rang qui fait l’individu et tant que l’initié sort de cette période en s’acceptant et en honorant ses apprentissages, alors il mérite son entrée chez nous. Ne ment pas, accepte toi. C’est aussi simple que cela.

Comme je me l’étais promise, j’ai commencé une formation dans le comportement. Une formation longue, épuisante, compliquée, mais si passionnante que je n’ai pas vu le temps passer et lorsque le temps est venu pour moi d’entrer en poste, j’étais plus que prête. Mais pas satisfaite. Bien sûr, ce que je fais me passionne toujours, jour après jour, mais il me manquait quelque chose. Ce quelque chose qui m’avait fait rire petite, qui m’avait manqué pendant toutes ces années sans que je le sache et lorsque j’ai vu Caleb, le premier de mes frères, choisir les Sincères, je m’en suis souvenue. C’est comme ça que j’ai choisi de devenir instructrice. En voyant ces adolescents choisir ce qui deviendrait leur vie, j’ai choisi de les aider à devenir de vrais Sincères, comme mes instructeurs l’avaient fait avec moi. J’ai appris l’année dernière que cela voulait également dire choisir de tourner le dos à ceux qui échouaient. Saigner au-dessus du verre veut dire être prêt à affronter son pire ennemi : soi-même. Ceux qui pensent l’être n’iront pas bien loin. Blanc ou noir. L’espoir n’a pas de couleur.

Sept ans sont passés depuis ma cérémonie. Sept ans sont passés sans que je ne m’en rende compte et lorsque je rentre chez moi, que mon regard croise mon reflet dans le miroir je me demande parfois si je changerais quoique ce soit, si j’en avais la possibilité. Est-ce que j’essayerai de trouver le bonheur dans les bras de quelqu’un ? Est-ce que je resterai aussi focalisée sur ma réussite, ma carrière ? Est-ce que je resterai aussi attachée à une famille de sang qui n’a pas à être si chère à mon cœur ?

Chaque jour, lorsque je ferme les yeux, la dernière pensée qui m’emporte dans un sommeil profond se résume en un seul mot : Non. Je ne changerai rien.

Je suis Sincère et je le reste.

« Nous y voilà. Bienvenue chez les Sincères, je suppose. Tu as fait le meilleur choix, ce qui montre que tu n'es pas totalement idiot. Ton honnêteté envers la communauté et envers toi même a fait de toi un membre de notre faction. D'entre tous je suis la plus franche, j'espère que tu ne nous décevras pas. Ton choix est noble car il est le reflet de ta véritable nature. Comme nous le disons : La vérité n'est ni éphémère ni une question de point de vue. »

Ta fiche remplit l'ensemble de nos critères ! Tu es donc maintenant un membre à part entière de Prism of Obedience et de ta faction ! Mais ce n'est pas encore la fin du chemin pour toi.

Afin d'être tout à fait prêt pour commencer ton aventure tu peux commencer par faire recenser ton avatar puis ouvrir une fiche de lien qui te permettra de développer la vie sociale de ton personnage, ainsi qu'un topic à RP qui organisera la vie rpgique de ton personnage. Enfin et pour aider tes administrateurs dévoués tu pourras compléter les registres sur les métiers ainsi que celui des initiés et enfin, si tu es concerné tu peux signaler ta divergence.

Bon jeu parmi nous !