⊹ born to die.

Tu le vois, il te sourit, tu lui souris. Pekka. Ton meilleur ami depuis que tu sais parler. Il t’enlace, tu l’enlace. Et vous vous dirigez vers la bibliothèque. « J’ai hâte de ne plus devoir faire ça » Tu le comprends, tu veux dire que tu comprends ce qu’il dit. Il ne se sent pas érudit, il veut changer de faction le jour de la cérémonie, peu importe son test d’aptitude. Et toi, tu ne dis mot. Il ne sait pas que tu l’aimes, et que tu aimerais qu’il reste, avec toi. Mais tu le veux heureux. Alors tu te tais et tu souris. « Bientôt » tu as envie de lui dire qu’il te manquera, mais tu n’as jamais été douée pour dire tes sentiments. Enfin c’est pas comme si tu avais eu la tonne d’occasions. Il est le seul que tu es jamais aimé. C’est ton meilleur ami, mais alors qu'il te considère comme sa petite sœur, toi tu l’aimes secrètement. Mais à quoi bon ? Vu qu’à vos dix-huit ans vous serez séparés.  

⊹ surrended and loved.

Tu rentres chez toi, un peu déboussolée. Demain c’est ton test d’aptitude. Au fond de toi, règne cette crainte mêlée à la curiosité. Tu poses ton livre sur la table haute adossée au mur, tu reviens de la bibliothèque. Tu as tenté de noyer ton esprit dans les livres, histoire et science, mais cela n’a rien changé. Tu as toujours cette boule au fond de ton estomac. De ce fait, tu vois à peine la boule d’énergie qui fonce sur toi. Ta petite sœur, qui s’accroche à ta taille de toutes ses forces. « Tu vas rester avec nous hein ? » tu lui souris, elle ne devrait pas dire ça. Après tout, c’est un choix personnel et important. Mais tu n’as aucun doute en toi. Tu aimes ta maison, tu aimes ta faction, et tu te sens érudite. Tu hoche la tête positivement et puis, tu lances un sourire à ta mère, habillée de bleu comme d’habitude, qui met les assiettes sur la table. Ton père n’est surement pas encore là. Il est professeur. Et il est plutôt admiré, c’est vrai, il est apprécié de beaucoup. Surtout parce qu’il garde toujours tout pour lui, il émet très rarement un avis, il est plutôt du genre à répondre à tes questions, par d’autres questions. Tu l’admires, mais parfois, tu n’oses pas le dire, mais cela t’énerves. Cela t’exaspère plutôt. C’est le mot correct. Il insiste toujours pour qu’on utilise les « mots corrects ». Tu t’assois à table. Ta mère te questionne sur ta journée, si tu es stressée, anxieuse, elle cherche à savoir ton état d’esprit. En vrai, tu ne sais pas quoi répondre. Heureusement, ton père Edwin entre à ce moment-là et te sauve de l’interrogatoire. « Bonsoirs mes filles » Il s’assit et le diner est prêt à être commencé. « Alors Ea ? Comment te sens-tu ? » Pourquoi tout le monde te pose cette question. « Je vais bien. Je suis sûre que mon test d’aptitude m’attribuera aux érudits » tu souris, tu ne mens pas. Tu en es certaine. « Tu es une fille intelligente Ea. Je serais ravi que tu restes parmi nous » Cela t’étonnes un peu, il n’est pas habituellement dans les démonstrations d’affection explicite, mais tu sais qu’il t’aime. Tu dois juste déchiffrer le message, d’un côté cela t’entraines. « De toute manière, on est toutes les deux des érudites »  Ta petite sœur sourit de toutes ses dents, on y voit un trou preuve de la dernière dent de lait qui s’est fait la malle. Tu adores ta petite sœur, tu aimes ta mère, et tu admires ton père. Mais alors que tu commences ta première bouché, ton ventre immisce le doute en toi.

⊹ fade out .

T’es là devant la porte, tu attends, c’est le moment. Le test d’aptitude. Tu stress. Tu flippes totalement en fait. Tu as un sale pressentiment. Et tes pressentiment on toujours raison. Tes mains sont moites. La porte s’ouvre, c’est une femme aux cheveux longs mais soyeux, elle est belle. Elle a des yeux marron. Tu entres. Elle te parle, t’explique, tu entends à moitié. T’es perdue. C’est dernier temps, t’es que ça. « Vous avez compris ? » tu hoches de la tête. Elle te regarde perplexe. Ok c’était pas le hochement de tête le plus convaincant qui soit. C’était une fraternelle, reconnaissable de par sa tenue rouge. Elle te mit en confiance et tes yeux se ferment machinalement. Tu subis le test, vraiment. Tu te retrouves dans des situations difficiles. Une en face de ton père, une avec ta sœur, une avec ta mère. Et puis Pekka. Tu as l’impression que tu vas jamais t’en sortir. Et puis, cela s’arrête. Tu ne sais pas. Tu n’es pas sûr de toi. Tu as comme perdue tes moyens, tu as l’impression d’avoir raté. Cette sensation d’avoir raté. « Et bien il semblerait que tu sois vouée aux sincères ». Son visage est souriant et doux. Mais le tien est rempli de terreur et d’incompréhension.

Tu comprends pas, tu comprends pas où est l’erreur, tu es prostrée, tu sais même plus où t’es, enfin si tu le sais, t’es perdue dans ta tête. Sincère ? Non, tu étais une érudite. Tu étais faite pour être érudite, comme ta mère, comme ton père, sûrement comme ta sœur. Et Pekka ? Et lui ? Tu savais pourtant qu’ils allaient être séparés, mais jamais tu aurais pensé que tu serais séparée de tous… Le test doit se tromper c’est surement ça. Tu le sais, certains ne le suivent pas. C’est surement parce qu’ils savent, ils savent ce qu’ils sont. Ils ne peuvent pas renier ce qu’ils ressentent comme toi. Et toi, tu te sens érudite. Tu es déterminée. Tu choisiras ta faction, la seule et l’unique, les érudits.

Le lendemain, tu es perdue, tu n’as pas parlé à tes parents. Ils ne t’ont pas questionné, te respectant comme à leurs habitudes. Ta sœur a essayé de te soutirer des informations ; Toi, tu essayais d’être impassible mais tu n’avais pas envie de lui mentir. Et cela t’exaspérait, parce que cela voulait dire que le test avait peut-être raison. Peut-être étais-tu une sincère au fond. Tu n’avais jamais parlé de cette situation avec tes parents, celle que tu puisses partir, tellement convaincu de ton appartenance. Tu l’étais, tu l’étais. Tu ne partirais pas. Et une fois à l’Union Tower, tu attendais ton tour, dans la fille des érudits. Tous habillés de bleu. Tu jetas un regard aux autres factions, sans t’attarder sur les sincères. Tu refusais de laisser transparaître le résultat de ton test. Tu vois Pekka, il se dirige vers toi, passe ses bras autour de toi. Il essaye de te déstresser, ne te pose pas de question, ne parle même pas de la cérémonie. Juste de choses banales, juste de choses banales. Tu ne sais pas ce qu’il va choisir, mais pas les érudits.

Tu attends, tu trépignes. Pekka se voit appeler. Tu le suis des yeux, il te jette aucun regard. Tu sais qu’il est concentré, il semble perturbé. Pourtant tu le croyais sur de son choix. Il se pose devant, se coupe. Et dépose une goutte de son sang dans un des bols, pas dans l’eau ? Ton cœur se serre, si tu restes, il part. Tu fermes les yeux. Et le sang se répand sur le verre. Tu n'en crois pas tes yeux. Il va chez les sincères. Tu ne lui avais jamais demandé, tu estimais que peu importe, c'était le même, vous seriez séparés, mais là... Tu entends d’autres noms, et puis le tien. Tu sens la main de ton père dans ton dos, tu te lèves. Jusque là, jusqu'à Pekka, ton choix était fait mais là? Devais-tu rester avec ta famille, ta petite soeur, ou devais-tu suivre le choix du test, le choix de Pekka? Tu te coupes et tu fixes les bols en face de toi.  Tu pourrais rester chez les érudits, c’est chez toi, mais le test disait autrement.  Tu fermes les yeux. La vérité c’est que tu ne pouvais pas te mentir à toi-même, tu sais déjà quel bol tu vas choisir, tu presse ta main, et le sang rebondit sur les morceaux de verre. Tu l'aimes. Tu entends le gémissement de ta sœur et de ta mère. Tu n’oses même pas te retourner pour les regarder. Tu sens la déception de ton père au fond de toi.

⊹ born to die.

Une fois rejoint Pekka, il est heureux. Il te demande si toi aussi ton test t’a indiqué les sincères. Tu lui souris, et hoches la tête. Ce sera bientôt ta marque de fabrique, ne rien dire pour ne pas mentir. Ton initiation, fut douloureuse, et difficile. Autant la première étape fut maitrisable. Tu étais sur la bonne voie, autant la dernière fût difficile et pénible. Tu étais donc bien positionnée après la « détection de mensonge », tu perdis de l’élan après la deuxième. Sensible, tu as craquée, alors qu’ils te fusillaient tous de quatre vérités. Mais la plus dure, fut la dernière et troisième étape. Le sérum de vérité. Les questions portaient d’abord sur tes parents, ton père, tu ne pus mentir, sur ton envie de lui dire qu’il t’exaspérait, que tu avais envie de lui dire qu’il devait prendre position, que parfois tu avais juste besoin de réponses claires et précises. Ta mère que tu considérais comme trop soumise à celui-ci. Ta sœur, qui te manquait. Ils comprirent alors tous qu’au fond de toi, tu voulais être une érudite et que jusqu’à la dernière seconde, tu comptais verser ton sang dans le bol où tes parents l’avaient jadis fait. Qu’au fond de ton cœur, les sincères n’étaient pas ta maison. Et alors les questions furent orientées vers Pekka. Bien sûr, ils avaient été proches, plus que jamais. Et bien sûr, ils avaient réussi à te faire avouer. Avouer que si tu étais là, c’était seulement pour lui, et que tu avais préféré le suivre lui plutôt que tes parents, que ton cœur, que ce que tu ressentais au fond de toi. Mais tu parvins à passer entre les mailles du filet, ce que tu craignais le plus de révéler. Ceux-ci pensaient que ton plus grand secret était ce dernier alors que pendant tout le test, ce que tu voulais cacher, c’était ton mépris pour leur leadeur.

Cela fait maintenant trois ans que tu es une sincère, et ton train de vie te plait. Le test d’aptitude avait raison. Tu étais bien en sincère, toi-même, même si ton enseignement d’érudite t’aidait encore chaque jour. Tu étais devenu enquêtrice, non sans qu’une certaine personne de haut niveau est joué de ses ficelles pour toi, même si tu ne le peux le prouver… Tu te diriges justement vers ton prochain interrogatoire qui te permet d’être en contact avec des audacieux. Tu croises Pekka du regard, une seconde mais pour toi cela en fait trente, il détourne le sien et t’ignores. Tout comme toi, depuis ton initiation. Il refuse d’accepter que tu es quitté ta famille pour lui. trop de pression? Et toi, tu refuses d'accepter qu'il était prêt à te quitter alors que son test disait qu'il était érudit, et qu'il savait à ce moment-là, qu'elle resterait chez les érudits.