Assis sur le sol d'un endroit isolé, près des quartiers sincères, un garçon regarde ce qui l'entoure, son regard s'arrêtant parfois sur certains bâtiments au loin, le sol, les lumières des Érudits qui brillent plus loin, pour finalement se perdre dans le ciel étoilé. Ses yeux sont noyés par les larmes. Aujourd'hui était pour lui un jour d'école et comme bien souvent les choses se sont mal passées. C'est parfois dur d'être un enfant dans ce monde de sincères. Mais la vérité résout tous les maux, le mensonge est la cause de tout ce qui ne tourne pas rond dans cette ville. N'est-ce pas ? Ses parents ne cessent de lui répéter ces mêmes phrases, typiques aux Sincères et il essaye du mieux qu'il peut de les intégrer, vraiment. Chaque jour, il se répète ces mêmes choses, se disant que ces choses qu'il endure ne sont pas importantes face au bon fonctionnement de cette société, qu'il s'y fera, que c'est tout simplement lui qui est trop faible, trop sensible, mais il le supportera un jour, oui, un jour il aura un mental d'acier, il pourra faire face à tout ça. Il en sera fier même. Il verra enfin la vérité comme le centre de tout, comme la clé de la paix et surtout comme un bienfait absolu. Il en est persuadé. Même si beaucoup d'enfants s'y sont déjà fait, ce n'est pas grave, il est juste plus long que les autres. Mais ça ne veut pas dire qu'il est plus idiot, ou moins capable, si ? Le petit se pose mille et une questions comme ça. Mais ce soir n'est pas l'exception et chaque jour c'est la même chose. Seulement âgé de 10 ans il ne cesse de douter de lui, de se demander ce qui ne va pas chez lui. Pourquoi est-il si différent des autres ?  Physiquement il leur ressemble. Alors, pourquoi est-ce qu'il s'attire la foudre des gens de sa faction ? Pourquoi est-ce qu'il pense différemment lui ? Il est bien d'accord. Le mensonge n'est pas une bonne chose, après tout c'est ce qu'on lui apprend depuis qu'il est en âge de le comprendre. Mais la vérité ... Il a beau essayer de s'en persuader, elle n'est pas toujours un bien. Non elle ne résout pas tous les maux, ce qu'elle provoque en lui parfois ... Ça lui fait mal, c'est comme si cette vérité qu'ils chérissent tous tellement se changeait parfois en une véritable lame, s'enfonçant au plus profond de son être. La dire ne lui fait aucun mal non. Mais l'entendre est parfois douloureux. Entendre chaque jour un nouveau camarade lui dire à quel point il est haïssable, ou bien entendre qu'il n'est pas le bienvenu dans cette faction, qu'il leur fait honte avec ses questions incessantes, à remettre toujours en cause ce qu'on lui dit, alors qu'il sait bien que techniquement ils sont tous tenus de dire la vérité, quoi qu'il arrive. La vérité peut être cruelle. La vérité peut être destructrice. La vérité ne l'intéresse pas dans le fond. Lui ce qui l'intéresse, ce sont les faits, comprendre pourquoi telle ou telle chose est faite de cette manière et non d'une autre ? Pourquoi les gens agissent-ils tous ainsi ? Pourquoi dire la vérité lorsqu'elle peut blesser quelqu'un ? Lorsqu'elle peut nous attirer plus d'ennuis qu'autre chose ? Ou bien ... lorsqu'elle peut briser un espoir ou un rêve ? Pour lui la nature humaine, le monde qui l'entoure, tout est une sorte de grand puzzle, une énigme bien complexe, un énorme mystère à résoudre.

« La faction avant les liens du sang » Le petit garçon, du haut de son jeune âge, a parfois du mal à comprendre le sens de cette phrase. Les factions sont importantes, on le lui répète depuis toujours, il l'a comprit, mais, il fait lui-même partit des sincères, alors pourquoi sa famille se montre t-elle si cruelle envers lui ? Après tout ce n'est qu'un enfant et chacun apprend de ses erreurs. Alors, pourquoi l'enfoncer, toujours. Pourquoi lui rappeler sans cesse qu'il n'est pas à la hauteur, qu'il ne correspond pas à l'image que ses parents se faisaient de leur fils ? Il n'y peut pas grand-chose lui s'il est comme ça finalement. Il essaye pourtant, mais ses efforts sont très peu récompensés face aux sanctions auxquelles il fait face à chaque pas de travers. Au lieu d'être aimé, cet enfant ressent juste un immense vide. Après tout ... ses parents le disent eux-même, il n'est qu'un poids, un boulet à leur pied, une honte pour eux. Alors que sa soeur, elle, est tout ce qu'ils pouvaient espérer de mieux, prouvant au reste de la faction qu'ils ne sont pas si indignes comme parents, les faisant passer pour de parfaits Sincères, un modèle pour tous. Elle est la preuve qu'ils sont capables de fabriquer un vrai petit citoyen pour cette ville. Parfait aux yeux des sincères uniquement. Peut-être que s'il était né dans une toute autre famille, dans une autre faction, son quotidien serait bien différent. Même si une voix dans sa tête lui dit que ce n'est pas une bonne chose de penser de cette manière, il ne peut s'empêcher, parfois, souvent, de s'imaginer rejoindre ce quartier de lumière, où la couleur est le bleu et non ce noir et ce blanc triste et oppressant.

Assis sur cette chaise, notre jeune homme tente de garder son calme, une expression des plus neutres et une respiration relativement normale. Il n'a pas le droit à l'erreur. Simplement parce qu'il n'est pas sûr de vouloir, de pouvoir, supporter encore une fois les conséquences de ce que cette situation risque fort d'entraîner. Il pourrait être lassé de ce genre de discussions, lassé de ces réactions, lassé de ces mots qu'on lui lance telle de gifle au visage sans arrêt, pourtant il ne l'est pas. Même après toutes ces années ça fait toujours aussi mal. Malgré tout aujourd'hui, et depuis des années déjà, ça fait partie de son lot quotidien. Une mauvaise habitude entre lui et ses parents. Toute la journée ils ont été absents, laissant l'appartement vide, avec pour seule présence Maëlan. Toute la journée il s'est repassé en boucle un discours déjà préparé, monté de toute pièce, un véritable tissu de mensonges, encore. Ils vont le découvrir. Il le sait. Pourtant, il refuse de simplement se confesser comme le ferai n'importe quel Sincère. Nerveusement il tape la surface de la table en rythme du plat de la main, comme si ce simple geste pouvait expulser toute cette pression qu'il accumule avant ce genre de confrontation. Il va encore perdre le contrôle. Il le sait. Il ne va pas tenir, il va encore exploser. Pourtant, il refuse. Il ne s'autorise pas à laisser libre court à ses sentiments. Pas devant eux. Pas devant ces personnes qui se disent être des parents. Car s'ils prônent la transparence, lui préfère leur montrer l'indifférence, passer un masque et ne rien laisser transparaître. Peut-être que c'est lui qui a tort. Peut-être qu'il s'est enfoncé dans une sorte d'entêtement ridicule qui n'a pas lieu d'être. Peut-être qu'il exagère et que tout ça ne rime à rien, qu'il se bat finalement avec lui-même.  Mais pour lui ils ont fait de lui ce qu'il est devenu aujourd'hui. Malgré eux, ils sont les créateurs de cet adolescent nerveux, paranoïaque et faux, menteur, dissimulateur. Le contraire de ce qu'ils voulaient faire de lui. A force d'acharnement.

La porte s'ouvre. Il stoppe net tout mouvement, feignant l'ennui. Deux personnes, tous deux vêtues de noir et de blanc, font leur apparition. Une attitude stricte, une posture parfaite, bien trop parfaite pour être naturelle. Pour des gens qui parlent d'acceptation de sois et d'honnêteté, tout ça semble bien faux. Pourtant, il le sait, pour eux c'est sincère. Il leur adresse un bref sourire, suivit d'un faible bonjour par simple politesse et s'apprête à s'en aller. Il sait qu'ils vont le stopper et lui demander de s'asseoir, mais qui ne tente rien n'a rien dans la vie. Alors qu'il fait un tour sur lui-même, pour leur tourner le dos, un raclement de gorge discret mais strict à sa manière retenti derrière lui. Une grimace tord son visage. Il souffle doucement et se retourne à nouveau, arque un sourcil, interrogateur, sans bouger davantage. D'un geste de la main sa mère lui demande d'avancer et lui indique la chaise sur laquelle il était assit il y a quelques secondes, l'invitant à s'y installer à nouveau. Un soupire se voulant nonchalant effleure ses lèvres, alors qu'intérieurement il sent déjà la panique l'envahir. Il s'approche tout de même, prend place à la table et plongeant son regard dans celui de ses géniteurs il brise le lourd silence qui s'est déjà installé. « Vous voulez me parler ? » son ton est toujours aussi détaché. Mais il appréhende déjà la suite, la boule au ventre. Il sait ce qui l'attend et il supporte ça depuis déjà bien trop longtemps. « Parfois je me dis que j'aurais sans doute dû me prendre une balle dans le ventre lorsque j'étais enceinte. Avec les avancées scientifiques des Erudits j'en serais probablement sortie vivante. Et dans le pire des cas, je ne serais pas passée pour femme incapable d'élever correctement ses enfants. » BAM. Ces phrases lui font l'effet d'un coup de poignard à l'estomac. Ses parents n'ont jamais levé la main sur lui. Non, eux ils sont pour la justice. Ils dénoncent les injustices. Jamais ils n'oseraient frapper leurs enfants. Par contre ... les mots ... Les mots sont plus aiguisés que n'importe quelle lame et jamais les cicatrices qu'ils provoquent n'ont le temps de cicatriser avant qu'il n'y ait une nouvelle attaque. Toujours plus douloureuses. « Tu n'as jamais cessé de nous décevoir. A tel point que ta naissance elle-même en est devenue notre plus grande déception. » Et encore une gifle en plein visage. Il n'a pas le temps de souffler, pas le temps d'ouvrir la bouche que le discours continue. « Tout allait très bien dans notre vie avant ça. » Maëlan sent la pression monter en lui, il sent son pouls s'accélérer dangereusement, les nerfs lâcher peu à peu, mais pourtant il tente de garder une expression neutre et détachée face à cette violence verbale qu'il subit bien trop souvent depuis son enfance. La vérité, même si elle fait mal, est toujours bonne à dire et à entendre, n'est-ce pas ? « Si seulement tu pouvais ... Ne pas porter notre nom. Ne pas être notre fils. N'avoir aucun lien avec nous. Encore quelques années et tu finiras sans-factions. Tu n'as rien pour toi. Un parfait bon à rien. »

Du haut de ses un mètre soixante-quinze, taille moyenne pour un jeune homme de 17 ans, ses muscles peu impressionnants et son visage aux traits biens singuliers.  Le jeune homme s'avance dans les couloirs de couleur noir et blanc qui lui sont si familiers. Chez les sincères. Il n'a rien à voir avec ces types formés sur mesure, sans la moindre trace de défauts apparentes à première vue. Non au premier regard celui-ci ne sort pas de l'ordinaire, beaucoup ne se retournent pas même sur son passage, ne l’apercevant qu'à moitié. Il y a pourtant une chose qui retient l’attention, oui s'il y a bien une chose chez ce garçon que personne ne peut ignorer, c'est bien ses yeux. Ces iris d'un bleu spécial, profond, presque irréel, en disent beaucoup sur sa personne, et ce en un simple coup d’œil. Un regard pénétrant, un regard fasciné, dans lequel on peut parfois lire une étincelle de sadisme, une étincelle malsaine, de douce folie, quelque chose qui nous échappe, mais qui a bien souvent le don de mettre mal à l'aise. En effet, ce regard a quelque chose, ce jeune le sait et n'hésite pas à en jouer. Depuis toujours, il observe. Aujourd'hui, devant lui se trouve une jeune fille qu'il connaît bien, une sincère, tout comme lui. Il plante son regard sur la blonde, observant chacun de ses gestes, l'écoutant parler, avant de laisser ce sourire inquiétant dont lui seul a le secret, s'inviter sur son visage. Observer, déceler le vrai du faux, examiner, analyser, depuis toujours il a apprit à agir de la sorte au sein de cette faction et sa curiosité maladive n'arrange en rien cela. Le poussant toujours un peu plus à examiner chacune des personnes qui l'entourent, qu'il est amené à rencontrer, allant parfois jusqu'à décortiquer chacune de leurs réactions et de leurs paroles pour en faire des conclusions. Comme si l'homme répondait à un simple mécanisme qu'il pourrait comprendre. Et bien que la nature humaine soit bien complexe, bien que certaines choses lui échappent encore, il s'améliore toujours un peu plus dans le domaine et ne l'utilise pas toujours à bon escient. Ce jeune garçon est bien loin d'être idiot, il comprend vite les choses et sait s'en servir. Selon lui aucun corps fait de muscles développés ne vaux un esprit vif.

Les mots sont une véritable arme humaine. Le jeune homme le sait mieux que quiconque. Les mots font parfois bien plus mal qu'un bon coup de poing bien placé. Alors, lorsque la jeune fille s'adresse à lui d'une voix un peu hésitante, mais où l'on reconnaît de tout même la franchise presque sèche des Sincères, il lui adresse ce sourire mauvais. « Maman dit que lui a annoncé que tu ne resterais pas parmi nous l'année prochaine. C'est vrai ? » Sa soeur ... Toujours dans son monde, toujours la neutralité incarnée à tel point qu'il se demande parfois si elle a vraiment sa place parmi les noirs et blancs, bien que contrairement à lui elle applique les consignes de la faction à la lettre. Lui n'a jamais véritablement été un bon sincère, mentant quand bon lui chante, quand il le juge nécessaire, quand il estime que le mensonge sera toujours mieux pour lui. Alors que beaucoup ont appris à vénérer cette vérité si précieuse à leurs yeux, lui a apprit à la haïr. Mais il a tout de même gardé une part de franchise acquise lors de toutes ces années passées chez les sincères. Mais pas de celle que l'on encourage, pas de celle que l'on apprécie. Non. Sa franchise à lui est tranchante, sèche, presque violente. Le regard ancré dans celui de sa soeur, le jeune Sincère lui dit d'une voix calme, posée, mais directe, « Non, ce n'est pas vrai, soeurette. ». Son sourire s'élargit un peu plus encore en voyant cette lueur d'agacement dans les yeux de son aînée. Les traits tendus, la respiration changeante, elle sait qu'il ment et elle sait qu'il le fait simplement pour le plaisir de voir les gens qui l'entourent enrager. Elle enchaîne sur une voix teintée de déception. « Bien sûr que c'est vrai. » Non il n'a rien de rassurant. Il n'est certainement pas la personne sur qui il faut compter pour avoir du réconfort, il y a plus de chances pour qu'il enfonce cette personne qu'autre chose. Il serait capable de faire apprécier l'hypocrisie à quelqu'un qui la déteste.

Doucement il se penche vers sa soeur aînée pour lui dire sur un ton mauvais et plein de sadisme, «  Ah oui. Les sincères préfèrent la vérité. Tu veux ta dose pour la journée ? » Au fond de lui il sait que tout ça ne l'amènera nulle part et qu'au fond cette fille ne lui a pas fait grand-chose, mais c'est plus fort que lui, ce trop plein de franchises qu'il a dû subir dans sa vie le pousse à l'utiliser pour faire souffrir les autres. Ce jeune homme a très vite appris l'art de manier les mots. Et bien souvent il le fait avec un peu trop de violence. Les mots font parfois bien plus mal qu'un bon coup de poing bien placé. La souffrance physique se soigne, la souffrance physique s'efface, la souffrance physique est supportable. Mais qu'en est-il de celle que l'on inflige au mental ? Pour notre homme celle-ci ne s'efface jamais complètement si l'on apprend à manier l'arme des mots. Les dégâts qu'elle cause peuvent parfois être indélébiles et il est bien placé pour le savoir. Il le regrette, parfois, oui. Mais ça le ronge de l'intérieur, comme si cela ne demandait qu'à sortir, à moins d'exploser au moment où il s'y attend le moins. «  En effet. J'ai menti. Oui je veux partir. Je veux quitter ce quartier oppressant, ces maudits couloirs blancs et noirs. Je ne veux plus avoir à supporter la vision de notre père et de notre mère tous les jours. Je ne veux plus rien avoir à faire avec toi. Je veux vous oublier. Aussi bien les parents que toi. Et le plus vite sera le mieux. Même si pour ça je devais finir Sans-factions ... » Elle le dévisage de haut en bas, scrutant chaque partie de son visage et de son corps. Elle cherche une faille, elle cherche une faiblesse, un signe, il en est persuadé. Mais elle ne trouvera rien. Pas de trace de mensonge, parce que non, il ne mentait pas en prononçant ces paroles et il aurait certainement pu faire pire si ce n'était pas sa soeur. Ce garçon est peut-être parfois un peu mauvais sur les bords et très certainement manipulateur, mais il est aussi, et surtout incroyablement sensible. Qu'on le croit où non, il se brise facilement, et cède bien souvent à ses sentiments. Alors, il ne peut pas se résoudre à briser sa soeur. Et même s'il sait qu'elle aura du mal à digérer ces paroles, qu'elles resteront probablement longtemps gravées dans sa mémoire, il sait aussi et surtout qu'elle est Sincère et certainement plus authentique que lui. Elle a apprit à gérer tout ça elle. Elle sait entendre la vérité, même la plus douloureuse.

Aujourd'hui c'est le grand jour. Pas pour Maëlan, malheureusement pour lui. Il donnerait tout pour être à la place de sa soeur et pouvoir faire le choix de sa vie aujourd'hui et non pas attendre un an de plus. Mais aujourd'hui c'est le tour de sa soeur et il le sait très bien, elle ne partira pas bien loin, elle va probablement choisir les Sincères, elle est faite pour ça et il n'a aucun doute là-dessus. Vêtue de noir et de blanc, la jeune fille se tient droite, le visage fermé, et les mains crispées le long du corps. Il la sent tendue, mais il ne dit rien pour la rassurer. Il faut être bien dérangé pour choisir cette faction où la vérité contrôle tout, et probablement un brin masochiste. Elle le choisit, à ses risques et périls. Ce n'est plus son problème. La famille ? Qu'est-ce que ce mot veut dire dans le fond ? On nous élève, on nous formate, nous bourrant le crâne de principes propres à notre faction de naissance, pour au final nous balancer un gentil « Faction avant les liens du sang. », alors à quoi bon y attacher de l'importance. D'autant plus qu'il le sait, depuis longtemps, il ne fera pas sa vie entre les murs des sincères. Il accompagne tout de même sa soeur jusqu'au bâtiment où elle devra seller son destin à cette maudite faction. Mais n'étant pas autorisé à aller plus loin, il lui tourne le dos sans un mot et retourne à l'appartement. Il n'y a aucune chance pour qu'elle choisisse une autre faction, il n'y a aucune raison pour qu'elle ne réussisse pas l'initiation. Pour lui elle restera liée à cette même famille, à ces mêmes principes à la vie, à la mort. Il ne l'a jamais comprit. Bien sûr, la majorité du temps c'est lui qui reçoit les foudres de leurs parents, depuis leur enfance, mais il n'est pas rare qu'elle aussi se prenne des réflexions à mettre à terre n'importe qui. Mais elle n'a jamais réellement répliqué.  Quelques larmes, rien de plus. Aucune rébellion, aucune réflexion, elle s'est toujours acharnée pour correspondre aux critères de perfections des parents.


De l'autre côté, du côté de la cérémonie du choix, la soeur de Maëlan se tient assise auprès de ses parents, les mains moites, le coeur battant bien trop vite, raisonnant jusque dans chaque extrémités de son corps, sa respiration bien trop irrégulière pour être naturelle, le ventre noué et la gorge serrée. Elle doit faire son choix, et elle attend dans une angoisse presque insoutenable. Son choix a toujours été une évidence, mais le fait que tout se concrétise, le fait d'avoir toutes les cartes en mains pour son avenir et de n'en envisager qu'une, rend les choses bien plus réelles qu'elle ne se l'était imaginée jusqu'ici. Ses parents ont toujours mis toute la pression sur ses épaules voyant que son frère n'était pas capable de répondre à leurs attentes. Elle n'avait donc pas d'autre choix que de choisir les sincères. Rester avec ses parents, son frère et dans le fond elle ne se voyait pas ailleurs. Lorsque son nom résonne dans la salle, brisant le silence installé lors de la cérémonie, la jeune fille se lève, tremblante pour prendre place devant les cinq récipients, elle s'entaille à son tour, et sans trop réfléchir elle serre le poing et le place au-dessus d'un récipient, une goutte de sang s'écrase sur le verre, propre aux sincères. Elle restera donc Sincère, à la vie, à la mort comme le dit si bien son frère. Des applaudissements retentissent derrière elle, venant pour la plupart des Sincères. Elle est la fierté de ses parents.

En se réveillant aujourd'hui, Maëlan n'aurait pas put être de meilleure humeur. Cette journée sonne la fin et le recommencement à la fois. La fin de sa vie ici chez les Sincères qu'il a apprit à haïr au fil des années, toujours plus. Et un nouveau départ, une nouvelle vie dans une autre faction. Après le test d'aptitude, qui a révélé sans grande surprise de sa part qu'il correspond à la faction des Erudits, c'est le tour de la cérémonie du choix. Ses parents s'attendent à ce qu'il quitte le nid et s'ils ne se sentaient pas obligés, ils n'auraient certainement pas accompagné leur fils. Un an plus tôt une tragédie leur est déjà tombé dessus. Alors que leur fille avait suivi le chemin qu'ils lui avaient déjà tout tracé, celle-ci n'a pas terminé l'initiation. Elle s'est révélée bien moins sincère qu'ils ne l'avaient toujours pensé. Autant eux, que Maëlan. Cette fille, que tout le monde pensait faite pour être sincère a échoué à l'initiation. La première étape était un vrai jeu d'enfant pour cette jeune fille née au sein de la faction, cela faisait partie de son quotidien et de son éducation, elle n'a pas eu le moindre mal à reconnaître les mensonges dans les différents discours. Pour la deuxième étape ... Elle avait aussi de l'entraînement, ses parents n'ont jamais mâché leurs mots, de véritables Sincères, personne ne pourrait leur reprendre ça. En effet, elle comme son frère ont toujours été mis à l'épreuve de la vérité, celle qui blesse, celle qu'on préférerait ne jamais entendre, celle qui pourrait nous faire aimer l'hypocrisie. Mais pourtant, cette fois elle n'a pas sut tenir le choc. Trop personnel, trop crue, trop violent pour son mental, elle s'est finalement brisée. Elle qui pendant toute sa vie a encaissé les coups. C'était la fois de trop, ou bien simplement l'électrochoc qui lui a fait réaliser que même si c'est ce que voulait ses parents, même si elle a toujours été élevée dans l'optique de devenir une Sincère, elle n'était peut-être pas faite pour cette faction. Si lors de la cérémonie elle n'avait pas eu le courage d'aller à l'encontre de la seule voie qu'elle avait osé envisager, ce jour-là elle n'a pas eu d'autre choix que de partir, rejoindre les rangs de ceux qui n'ont plus rien, qui ne sont plus rien, ceux qui sont rejetés de la société, ceux qui effrayent le peuple : Les Sans-Factions. Ce jour-là, Maëlan a réalisé, il a réalisé que tout ce qu'il avait pensé de sa soeur jusqu'ici était bien faux, et qu'au fond elle n'était pas bien différente de lui, c'était sa soeur, et il lui a tourné le dos pour quelque chose qui s'est avéré totalement faux. Pendant cette année qui a passé il s'en est voulu, mais aujourd'hui elle fait partie des sans-faction et même s'il voulait réparer ses fautes il ne pourrait pas. Elle ne fait plus réellement partie de cette société, elle n'a plus rien à voir avec lui. Lui continuera sa vie parmi une nouvelle faction et « La faction avant les liens du sang », il ne pourra que l'oublier.

Mais aujourd'hui ce n'est plus de sa soeur qu'il s'agit, aujourd'hui il joue lui-même son avenir. Et l'excitation grimpe en flèche, il attend ça depuis si longtemps, que même si un test d'aptitude inconnu l'effraye, il est bien plus impatient à l'idée de rejoindre sa nouvelle faction, qu'inquiet à l'idée d'échouer. Après tout, il l'a dit lui-même à sa soeur un an plus tôt, il préfère encore finir sans-faction que rester coincé ici éternellement. Assis dans cette salle de l'Union Tower, il ne tient plus en place et ce sourire qui s'est emparé de ses lèvres refuse de le quitter. Il attend avec impatience que son tour arrive alors que les noms et les jeunes défilent. Il ne fait pas spécialement attention à ce qui se passe, bien trop concentré sur le récipients d'eau dans lequel il versera une goutte de son sang. Lorsque son nom retentit enfin dans la salle, le silence s'installe à nouveau et il descend les marches une à une, se faisant violence pour ne pas aller trop vite. Il se positionne face aux récipients, et place aussi vite sa main au-dessus de celui consacré aux Erudits. Une goutte de son sang coule de long de sa main avant de venir se mélanger à l'eau des Erudits. Lorsque l'on annonce sa nouvelle faction, son sourire s'étire un peu plus encore, teinté d'une certaine insolence, un soupçon de provocation, il se retourne, fixant un bref instant l'expression de ses parents, avant de rejoindre les rangs des Erudits à son tour. Délivrance, pour lui, il n'y a pas de meilleur mot pour qualifier ce qu'il ressent à ce moment précis de sa vie.

Cela fait maintenant deux ans que Maëlan a passé son initiation. Avec un QI évalué à 130, une bonne logique, une bonne mémoire et un bon score aux tests, il a fini Quatrième de son année. Il a mis exactement 7 heures 13 minutes et 53 secondes pour finir le questionnaire de cent questions, loin derrière le record de Penrose Farnsworth, il a tout de même réussi à faire moins que la moyenne, quant au score, il a obtenu 94% de bonnes réponses. Le jeune garçon n'a donc eu aucun mal à se faire une place parmi cette faction qu'il a toujours voulu rejoindre. Et bien que déçu de ne pas être arrivé sur le podium, il reste bien content de ne pas être arrivé dans les derniers, ou pire, de ne pas être éliminé. Suite à l'initiation, Maëlan n'a pas hésité avant de choisir la voie de l'informatique. Bien qu'il soit passionné de sociologie et de psychologie, l'idée même de s'investir dans les nouvelles technologies et leurs innovations, du côté de la mise en pratique l'a tout de suite fasciné, c'est pourquoi il s'est naturellement redirigé vers ce domaine. Il n'est peut-être pas tout en haut de l'échelle parmi cette faction, pour ne pas avoir fait d'études excessivement longues, mais il est bien décidé à montrer de quoi il est capable et à prouver qu'il peut s'investir et se rendre utile. Aujourd'hui il a fini ses études et il entre tout juste dans le monde du travail. Tout reste à écrire.

« Hum... Bien. La Cérémonie du Choix est finie, ta place à l'issue de l'Initiation te permettra de continuer ta vie dans notre faction. Il y a beaucoup de choses qui restent à faire. Tu as choisi les Érudits et afin de t'intégrer au mieux parmi nous, tu vas devoir redoubler d'efforts. Nous n'acceptons pas la médiocrité, aussi je t'encourage à repousser tes limites afin de devenir un pilier de notre communauté. Ton engagement sera apprécié et récompensé. Et n'oublie jamais : Il n'y a rien que le savoir ne puisse conquérir. »

Ta fiche remplit l'ensemble de nos critères ! Tu es donc maintenant un membre à part entière de Prism of Obedience et de ta faction ! Mais ce n'est pas encore la fin du chemin pour toi.

Afin d'être tout à fait prêt pour commencer ton aventure tu peux commencer par faire recenser ton avatar puis ouvrir une fiche de lien qui te permettra de développer la vie sociale de ton personnage, ainsi qu'un topic à RP qui organisera la vie rpgique de ton personnage. Enfin et pour aider tes administrateurs dévoués tu pourras compléter les registres sur les métiers ainsi que celui des initiés et enfin, si tu es concerné tu peux signaler ta divergence.

Bon jeu parmi nous !