Pourtant, le tabula rasa opéré sur la mémoire des premiers habitants ne fut pas si efficace qu'il en eut l'air. Si la plupart des souvenirs et coutumes ont été effacés, certains mots, perdus dans l'inconscient, refont parfois surface comme des îlots culturels perdus. Certes dénués de sens, leurs sonorités tintent parfois les consciences individuelles, jusqu'à les faire émerger. Par exemple, le mot "avion", privé de son sens - puisque l'idée même d'un véhicule volant est absente - peut avoir été utilisé comme patronyme. Ce phénomène étrange, inconnu des habitants (et même aux Érudits !), porte le nom de réminiscence et soulève la question de la mémoire génétique.
Clé de voûte de la faction des Érudits, la connaissance scientifique et philosophique ne saurait être née ex nihilo. Si notre histoire a été marquée par de grands hommes de lettres et de sciences qui ont parfois révolutionné nos quotidiens, ce n'est pas encore le cas pour La Ville. Ainsi, les habitants considèrent que la plupart des scientifiques que nous connaissons (à l'instar d'Albert Einstein, Thomas Edison ou Galilée) étaient jadis parmi eux, s'attribuant ainsi tout le mérite de leurs inventions et découvertes. Enorgueillis de cet héritage d'exception, de nombreux Érudits arborent ces patronymes prestigieux, parfois même sans savoir leurs provenances. S'il n'existe plus de livres papiers depuis des décennies, tous les ouvrages sont accessibles sur HoloPad en échange de points.
Autrefois part essentielle de la culture, l'Art ne représente plus qu'une singularité de plus des Fraternels, qui s'adonnent à cet acte aussi thérapeutique que créatif. Ainsi, si les mouvements artistiques semblent avoir disparu face à la diversité des aspirations fraternelles, l'abstraction tend à devenir le style prépondérant, notamment grâce à la liberté d'expression qu'elle permet. Cependant, l'Art ne saurait se limiter qu'aux Beaux-Arts. La musique tient également une part de choix dans la culture - fraternelle - de La Ville : elle est essentielle à la bonne humeur des membres de la faction. Les instruments ne sont d'ailleurs pas si différents de ceux d'antan. L'architecture demeure une exception, elle est le fruit de la collaboration d'une minorité de Fraternels avec de brillants mais créatifs Érudits.
Ainsi, la plupart des us et coutumes de notre civilisation ont été transmises à La Ville. Le mariage, les rites funéraires, l'école, le travail sont autant de notions héritées de l'Extérieur et ce, à leur insu. Cependant, loin d'être partagées par tous les citoyens, les mœurs demeurent relatives aux factions, notamment en ce qui concerne la vie de famille. Concernant l'homosexualité par exemple, les Fraternels et Sincères sont les plus tolérants. En effet l'acceptation de soi est essentielle chez ces derniers. De l'autre côté du spectre les Érudits voient cette déviance comme un acte contre-productif et donc inutile. Les Altruistes jugent que c'est un choix égoïste qui porte donc un discrédit sur la faction. Quant aux Audacieux ils sont plutôt ouverts, la divergence sexuelle ne leur est pas insupportable c'est sur d'autres compétences qu'on juge les individus, néanmoins les homosexuel(le)s ne sont pas à l'abri de quelques remarques graveleuses. Et il en va de même pour la plupart des sujets de moeurs.